Edouard les grosses ficelles. Mardi, lors d'une séance de questions au gouvernement particulièrement mouvementée, le Premier ministre, pour disqualifier l'idée que l'affaire Benalla relève de l'affaire d'Etat, a évoqué «une crise politique, une crise parlementaire et médiatique». Risible stratégie de défense. Deux de ces trois crises n'existent que dans l'imagination fertile du chef du gouvernement. Crise médiatique dit-il, laissant entendre que nous serions, nous les journalistes, trop heureux dans ce début de torpeur estivale de faire nos choux gras de cette affaire sans nous embarrasser évidemment de vérifier nos informations. C'est précisément l'inverse qui s'est passé. Il est heureux que nos confrères du Monde, les premiers, aient révélé les errements d'Alexandre Benalla le 1er Mai, place de la Contrescarpe. Il est salutaire qu'ensuite, Libération, comme d'autres organes de presse écrite ou des médias audiovisuels, aient à leur tour enquêté, révélé, décrypté, analysé, aidé tout simplement les Français à se faire une idée en exerçant leur fonction de contre-pouvoir. Une inexactitude ici, une interprétation erronée par là ? C'est possible. Mais crise médiatique, certainement pas.
Crise parlementaire ? Même chose. Il est heureux que les parlementaires, depuis deux jours, puissent auditionner, fermement mais courtoisement, les principaux protagonistes de cette affaire. Comme il est sain qu’ils puissent, moins courtoisement certes, interpeller la majorité dans l’hémicycle. Députés et sénateurs jouent tout simplement leur rôle dans un système institutionnel déséquilibré au profit de l’exécutif.
Reste donc une seule crise, bien réelle celle-là : la crise politique. Et n’en déplaise à Edouard Philippe, malgré les efforts des serviteurs de sa majesté Macron lors des auditions de la commission d’enquête, il demeure encore suffisamment de zones d’ombre pour que les journalistes comme les parlementaires, chacun à leur place, continuent de faire leur travail.