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Libération
Éditorial

Chercher le chef

publié le 25 juillet 2018 à 21h31

«Chef» ou chef de l'Etat ? Après son intervention mardi soir à la Maison de l'Amérique latine, devant un parterre de ministres et de parlementaires LREM, la question de savoir quelle casquette portait Emmanuel Macron lors de sa première déclaration publique depuis le début de l'affaire Benalla se pose. Chef de la majorité ou président des Français ? Emmanuel Macron n'est pas le premier pour qui la question se pose. Mitterrand, Chirac, Sarkozy, Hollande ont, tour à tour, été soumis à la question, en fonction des circonstances. Elle est même consubstantielle au couple étrange que forment dans nos institutions le Président et le Premier ministre. Une phrase, prononcée mardi soir, est révélatrice de cette schizophrénie : «On ne peut pas être chef par beau temps, et vouloir s'y soustraire lorsque le temps est difficile. S'ils veulent un responsable, il est devant vous, qu'ils viennent le chercher ! Et ce responsable, il répond au peuple français, et au peuple souverain.» Comment mieux dire qu'entre le chef de la majorité et le président de tous les Français, Macron ne savait pas mardi qui il était… En se désignant comme «le seul responsable de cette affaire, moi et moi seul», il a tenté d'imposer auprès de l'opinion sa stature de président au-dessus de la mêlée, de chef de l'Etat qui assume. Mais le timing de son intervention, après une journée plus que pénible pour sa majorité, et le choix du lieu et l'auditoire (une réunion des élus de son camp) indiquent le contraire. Il était urgent pour le chef de remobiliser des troupes désorientées. Macron, avec son «qu'ils viennent me chercher» aux accents sarkozystes a même hésité avec un troisième personnage : celui du p'tit chef, voire du chef de clan. Le Président s'exprimera «le moment venu», a promis son entourage. Ce moment n'est pas encore arrivé