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Libération
Edito

Emmanuel Macron «assume» tout mais n'assomme pas la polémique

Emmanuel Macron à l'Elysée le 20 juillet. (Photo Ludovic Marin. AFP)
publié le 25 juillet 2018 à 8h58

La meilleure défense, c'est bien connu, c'est l'attaque. Et il faut reconnaître qu'Emmanuel Macron, mardi soir à la maison de l'Amérique latine, a prouvé qu'il maîtrisait, entre effet de surprise et propos ciselés à la serpe, plutôt bien cet art sommaire de la politique. Il faut aussi reconnaître qu'en entonnant comme il l'a fait l'air du «j'assume» tout, «le responsable c'est moi et moi seul», il a adopté une attitude que d'autres avant lui au même poste n'ont pas toujours eu le courage de prendre. Et tant mieux si la fin annoncée de «la République des fusibles» deviendra autre chose qu'une bonne formule. En sortant de manière aussi vigoureuse de son silence, le chef de l'Etat, c'est un fait, a marqué des points mardi soir. Son espoir : que la tactique du «j'assume tout» assomme toute la polémique.

Sauf que… Le chef de l'Etat, devant les ténors de son gouvernement et le gros de ses troupes parlementaires, s'est finalement résolu à faire ce que tout le monde attendait de lui depuis cinq jours. Rien de plus. Et d'une certaine manière, il était temps, tant l'air au sein du premier cercle de la macronie devenait irrespirable. Des séances en commission des lois comme celles subies par Gérard Collomb ou le directeur de cabinet de l'Elysée, ça laisse des traces. Ça entame des fidélités. Même chose pour des séances de questions au gouvernement comme les a connues le Premier ministre mardi après midi. Sans parler bien sûr des doutes qui s'emparaient des députés En marche. Bref, il y avait urgence pour le chef de l'Etat à intervenir. Il l'a senti. C'est heureux pour lui. Mais cette semaine infernale laissera des traces.

Surtout, l'intervention d'Emmanuel Macron ne ressemble en rien à un solde de tout compte. Elle ne clôt en rien l'affaire Benalla. Elle fait baisser la température de la marmite politique. Mais de nombreuses questions, sur des points précis (la délivrance du port d'arme, l'appartement du quai Branly, la réalité de la sanction et de la rétrogradation d'Alexandre Benalla, etc) comme sur la gestion politique de l'après-1er mai, demeurent. Les commissions d'enquêtes parlementaires comme les enquêtes judiciaires en cours sont là pour y répondre. Non pas pour aller «chercher un responsable» comme d'autres cherchent la bagarre. Juste apporter des réponses.