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CD-rom

Affaire Benalla : l'enquête sur la vidéosurveillance étendue

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Les images avaient été extraites par trois policiers de la préfecture de police, mis en examen. L'instruction est élargie pour couvrir leur diffusion anonyme sur Twitter.
Vincent Crase et Alexandre Benalla «interpellent» Georgios D., place de la Contrescarpe à Paris, le 1er mai 2018. (Photo Naguib-Michel Sidhom. AFP)
publié le 27 juillet 2018 à 19h21

Trente jours, telle est normalement la durée de vie des images de vidéosurveillance. Presque trois mois après le 1er-Mai, l'itinéraire de la scène saisie place de la Contrescarpe, dans le Varrondissement parisien, intéresse plus que jamais la justice. Le parquet de Paris a élargi vendredi l'enquête ouverte pour «recel de détournement d'images issues d'un système de vidéo-protection» et «recel de violation du secret professionnel». Alors que le chargé de mission à l'Elysée Alexandre Benalla est déjà mis en examen notamment pour ces faits, l'instruction est désormais étendue aux autres personnes qui auraient pu transmettre ces vidéos.

Chaotique

Ce 1er mai, les caméras installées sur un lampadaire de la place bohème enregistrent le face-à-face tendu entre manifestants et policiers. Parmi ceux-là se sont glissés Alexandre Benalla et Vincent Crase, salarié de La République en marche. Les deux hommes procèdent à une interpellation violente, hors de tout cadre. Le lendemain, un commissaire de la préfecture aurait fait une copie des images et les aurait conservées, au cas où l'affaire éclate. Ce qui se produit le 18 juillet, entraînant une réaction en chaîne chaotique.

Trois policiers de la préfecture de police sont désormais mis en examen pour avoir fait parvenir le soir même les images au chargé de mission de l'Elysée. Selon le récit qu'en a fait Benalla dans le Monde, ils agissent de leur propre initiative, sans qu'il n'ait rien demandé. Toujours selon Benalla, il reçoit les images sur un CD, glissé dans un courrier vierge de toute mention, apporté par une petite main dont l'identité reste inconnue. Il dit les remettre ensuite à un «conseiller communication» de l'Elysée. Il s'agit d'Ismaël Emelien, proche collaborateur d'Emmanuel Macron, ainsi que l'a confirmé la présidence de la République suite à des informations de BFM TV. Et après ?

Argument

Mediapart a exhumé jeudi soir des tweets postés par des comptes de sympathisants LREM diffusant les images de vidéosurveillance dans la nuit du 18 au 19 juillet. C'est cette nouvelle révélation qui a poussé le parquet à élargir l'enquête. Outre les images, ces tweets comportent des commentaires visant à dédouaner Alexandre Benalla en montrant la violence des manifestants. Un argument repris par le directeur de cabinet de l'Elysée, Patrick Strzoda, et le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, devant la commission d'enquête de l'Assemblée nationale. Et par les communicants de l'Elysée depuis l'éclatement de l'affaire.