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Libération
Voitures électriques

Autolib, en route vers la succession

A la rentrée, de nouveaux services, proposant des prestations similaires, devraient prendre le relais du dispositif lancé par le groupe Bolloré en 2011.
On savoure la capacité de la bestiole mécanique à se faufiler partout.  (Photo Denis Allard pour LIbération)
publié le 30 juillet 2018 à 20h36

Son agonie aura été longue. C’est désormais officiel : Autolib est mort. Lancé en 2011 à Paris, le service d’autopartage du groupe Bolloré a accumulé au fil des ans une dette colossale de 293 millions d’euros. L’industriel breton a demandé aux 103 communes franciliennes utilisant son service d’assumer cette facture. Une requête à laquelle le syndicat mixte Autolib Vélib Métropole (SAVM) n’a pas accédé. Ces difficultés financières ont conduit à un différend irréconciliable entre Bolloré et la mairie de Paris, bien que de multiples plans de sauvetage aient un temps été envisagés. Le 21 juin, le SAVM a finalement tranché : l’avenir de l’autopartage francilien se fera sans Autolib.

Vague à l’âme

«Evidemment, nous sommes attristés de l'échec de ce projet. Mais c'était la seule solution pour préserver les finances publiques et préparer l'avenir de la mobilité électrique», assure Emmanuel Grégoire, adjoint à la maire de Paris chargé du budget, des finances et de la transformation des politiques publiques. Si les 150 000 abonnés au service se retrouvent momentanément sans solution équivalente, des alternatives devraient progressivement se mettre en place à partir de la rentrée de septembre.

Selon Emmanuel Grégoire, «de nouveaux acteurs vont entrer dans la course et l'esprit du service en lui-même va changer». Exit l'attribution d'un marché public à la sauce Autolib. Désormais, ce sont des prestataires privés qui se chargeront de l'exploitation des véhicules. «Nous avons préféré laisser des loueurs et constructeurs automobiles déployer leurs services sur l'espace public plutôt qu'octroyer une nouvelle délégation de service public», détaille l'adjoint à la maire. Dans les faits, la municipalité ne devrait pas avoir à mettre la main au porte-monnaie. Les nouveaux entrants investiront pour fournir les véhicules 100 % électriques, en assurer la maintenance ainsi que le service après-vente. Certains rencontreront le succès commercial, d'autres échoueront : la loi du marché reprend le flambeau.

Association

«C'est le choix que nous avons fait pour le lancement de Scootlib. Il a fait ses preuves, puisque le service s'est durablement installé dans le mix mobilité», ajoute Emmanuel Grégoire. Courant septembre, les premiers prestataires commenceront leur déploiement. C'est le cas de Renault, qui s'est associé au loueur de voitures Ada. Ensemble, ils lanceront le service Moov'in. «100 Renault Zoe et 20 Renault Twizy seront mises en service dans les XIe et XIIe arrondissements de Paris ainsi qu'à Clichy dans les Hauts-de-Seine», a annoncé l'entreprise dans un communiqué diffusé le 19 juillet. Grâce à une application mobile, le client sera localisé et pourra réserver le véhicule le plus proche. Une fois son trajet terminé, il n'aura qu'à garer sa voiture sur une place de stationnement, n'importe laquelle. Le prestataire se chargera lui-même de la changer d'emplacement et de la recharger. C'est ce qu'on appelle le free-floating. Le groupe PSA (Peugeot-Citroën) a également annoncé son intention de lancer un tel service dans les prochains mois, sous la marque Free2Move.

Quid du réseau de bornes de recharge des Bluecars de Bolloré ? Propriété du SAVM, il sera intégralement conservé. L'adaptation technique à un nouvel usage devrait prendre quelques mois. «Les bornes pourront être utilisées par les prestataires des services d'autopartage comme par les particuliers possédant un véhicule électrique. C'est un héritage extrêmement intéressant du fait d'un maillage exceptionnellement dense», se réjouit Emmanuel Grégoire. La municipalité espère ainsi inciter les Parisiens à rouler propre. Parallèlement, le nombre de véhicules proposés en autopartage par les futurs prestataires ira crescendo. Renault a d'ores et déjà annoncé que sa flotte parisienne passera à quelque 2 000 véhicules d'ici à la fin 2019. Un nombre bien en-deça du service Autolib et de ses 4 000 véhicules. Reste à savoir à quel tarif seront proposés ces nouveaux services. Ni Renault, ni son concurrent PSA ne s'aventurent pour l'heure sur ce terrain.