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Libération
Éditorial

Climat

publié le 30 juillet 2018 à 21h06

Etranges institutions… Il est très frappant que la première vraie crise politique du quinquennat, née à l'Elysée, mal gérée par l'Elysée et dont les principales conséquences concerneront l'Elysée, se soldera politiquement - et temporairement avec la trêve estivale - à l'Assemblée nationale. Le chef de l'Etat peut clamer un mardi soir à la Maison de l'Amérique latine qu'il est «le seul responsable» de l'affaire Benalla, le mardi suivant, c'est le Premier ministre qui est en première ligne pour répondre aux deux motions de censure déposer par les oppositions de droite et de gauches. Ainsi va la Ve République… Le résultat de ce vote est évidemment acquis d'avance : les Français se réveilleront mercredi matin avec le même Premier ministre et le même gouvernement. Mais la politique n'est pas qu'une question d'arithmétique. Minimiser l'événement serait une erreur. Ni jour de gloire ni quart d'heure warholien des oppositions, ce mardi 31 juillet acte un changement de climat. En huit jours, l'affaire Benalla a davantage fragilisé la majorité qu'une année de débats intenses dans l'hémicycle sur ses réformes. Les errements d'un chargé de missions à l'Elysée ont davantage fragilisé le chef de l'Etat que des grèves ou des manifestations à répétition. Les dix jours qui viennent de s'écouler auront aussi démontré la fragilité du dispositif politique autour d'Emmanuel Macron. Comme lors des premiers couacs - affaire Bayrou, affaire Ferrand - ni le parti LREM, ni l'armée de députés, ni les poids lourds du gouvernement n'ont joué leur rôle. Face à des oppositions dans les choux, c'était tenable. Maintenant qu'elles sont requinquées, avec la rentrée en perspective et des élections européennes en juin, cela devient très inquiétant pour le Président.