Le titre de la série de Jérémy Lempin annoncerait-il la couleur ? «Ils pissent vert et rouge» est une expression utilisée par un chef d'état-major pour signifier l'appartenance à la grande famille des armées. Un préambule pour pénétrer dans l'univers intime et culturel de la Légion étrangère. Dans son sujet au long cours, réalisé entre juin 2017 et mai 2018, l'ancien photographe des armées livre un volet de la vie quotidienne du légendaire 2e régiment étranger de parachutistes, basé depuis cinquante ans à Calvi. Au rythme des images, les codes musclés s'effacent au profit de scènes familiales et de moments de détente.
DiaporamaJérémy Lempin, au cœur de la légion
Il est intéressant de revenir sur le parcours de Jérémy Lempin pour saisir ses choix de sujets, son intérêt à montrer ce qui se passe à l’arrière-plan des stéréotypes. Engagé à l’âge de 24 ans en tant que photographe des armées dans la Marine nationale, chargé de communication sur le porte-avions Charles-de-Gaulle menant des opérations au large de la Libye en 2011, il sera, cette même année, affecté à l’Ecpad, l’agence d’images de la Défense.
Il découvre les exigences et les limites des dispositifs de communication de l’armée de terre sur des théâtres d’opération comme le Mali ou la Centrafrique. Ces expériences militaires le projettent sur des zones de conflit, au plus proche de son rêve de devenir photojournaliste, avec pour modèles le débarquement en Normandie immortalisé par Robert Capa et les clichés de Dorothea Lange sur la Grande Dépression aux Etats-Unis.
En 2016, Jérémy Lempin quitte l'Ecpad pour échapper aux contradictions du communicant face à la nécessité d'exercer en liberté le métier de photoreporter. Il préfère raconter des histoires sociales, des univers spécifiques, poursuivre les récits de vie déjà entamés au 2e régiment étranger de parachutistes, tout en mettant à profit ses connaissances et son expérience militaire en zone de conflit.
Jérémy Lempin Vit et travaille à Paris. «Ils pissent vert et rouge», 2017-2018.