Avec 175 396 immatriculations de voitures neuves enregistrées au mois de juillet, le marché automobile français affiche une belle santé malgré le contexte économique maussade et les restrictions de plus en plus nombreuses qui ciblent les voitures en ville et sur les routes. En juillet, le marché français des véhicules particuliers a bondi de 18.9 % en données brutes et 8,1 % si on se fie au nombre de jours ouvrés comparable par rapport à l'an dernier, a fait savoir ce mercredi le Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA). François Roudier, son porte-parole, analyse cette évolution.
Comment expliquez-vous ce bond des immatriculations alors que le contexte économique est morose et que les contraintes ne cessent de se multiplier pour les automobilistes (limitation à 80 km/h, critères écologiques, prix du carburant) ?
Même s'il n'est pas particulièrement enthousiasmant, le contexte économique n'est pas si mauvais, nous sommes dans une période de croissance après tout. Et les contraintes telles que les 80 km/h ou la piétonnisation des berges de Seine à Paris n'ont pas de réel impact. La part des ménages véhiculés en France reste de 85 % car qu'il s'agisse d'aller au travail, faire ses courses ou se déplacer avec ses enfants, la voiture reste irremplaçable. Un automobiliste qui quitte Palaiseau à 8 h 30 pour rejoindre son bureau à Paris, il ne prend pas le volant pas plaisir : il y est obligé. Idem dans les zones rurales, qui ne bénéficient pas d'un réseau de transports en commun aussi riche que Paris et les autres métropoles. Les chiffres positifs sont aussi le résultat de l'augmentation des immatriculations de véhicules utilitaires légers (VUL) et de voitures dites «société». Celles-ci représentent environ 40 % des immatriculations, et cela peut aussi bien concerner une entreprise qui renouvelle entièrement sa flotte et passe une commande de 30 véhicules, qu'une petite pharmacie de province dont le directeur fait passer l'achat de sa voiture sur les frais de sa société.
Comment les constructeurs français parviennent-ils à tirer leur épingle du jeu ?
La bonne santé économique des constructeurs français, ils la doivent notamment au renouvellement de leurs gammes qui était indispensable. Les véhicules utilitaires sport (SUV), sont vraiment dans l'air du temps. C'est ce qui plaît vraiment aux acheteurs, par opposition aux grosses berlines au design assez lourd, qui n'attirent plus tellement. Par exemple, depuis que le groupe PSA [Peugeot-Citroën, ndlr] a renouvelé sa gamme, en y incluant des SUV, les immatriculations ont connu un boost intéressant. Je pense aussi au modèle Duster de Dacia, ou la 3008 de Peugeot, la tête de gondole de la marque, qui se vendent aussi très bien.
Comment a évolué la consommation des Français dans leurs achats de voiture ?
L'attachement aux marques n'est plus réellement d'actualité, sociologiquement cette spécificité disparaît. Ce changement a été assez surprenant car les Français sont connus pour aimer acheter français, mais il semble que la location de longue durée ait changé la donne. Aujourd'hui les automobilistes étudient les offres des différents groupes et choisissent la plus intéressante, rassurés par un engagement beaucoup moins long qu'en cas d'achat. En conséquence, d'une location à l'autre, les automobilistes peuvent sans mal passer de Renault à Citroën. Concernant les voitures électriques, le tournant n'a pas encore été enclenché, les statistiques stagnent. C'est surtout une lacune d'offre, qui devrait se résorber, d'ici 2020 je pense. Tous les constructeurs proposeront une dizaine de voitures électriques. Une fois passé le stade des militants qui cherchent à tout prix à conduire une voiture écolo, il faudra conquérir un autre public qui ne transigera certainement pas sur le prix, la sécurité et surtout le confort.