C’était un petit cadeau d’adieu. Pendant la campagne présidentielle, dont Emmanuel Macron faisait de plus en plus figure de favori, l’Elysée avait choisi de laisser le fort de Brégançon ouvert au public tout l’été 2017. La décision devant être renouvelée chaque année, certains, dans l’administration présidentielle dirigée par François Hollande, n’avaient pas détesté l’idée de priver l’ex-conseiller élyséen de la solennité du lieu pour ses premières vacances officielles.
S'il entend maintenir cette ouverture aux Français, le Président a surtout l'intention de prendre toutes ses marques dans la résidence présidentielle, située à mi-chemin entre Toulon et Saint-Tropez, s'inscrivant dans les pas de ses prédécesseurs. Il aimerait également pouvoir y organiser des rencontres diplomatiques, comme celle de vendredi soir avec la Première ministre britannique, Theresa May, sur le modèle de Camp David. Sauf que la résidence présidentielle américaine est immense et peut loger les délégations internationales dans des cabanons de luxe noyés dans la forêt du Maryland. «L'intérêt de la diplomatie politique, c'est de dormir une nuit sur place afin de créer un lien personnel», fait d'ailleurs remarquer François Hollande dans l'ouvrage retraçant l'histoire de Brégançon écrit par le journaliste Guillaume Daret. Rien de tel qu'un échange de vues sur le Moyen-Orient en se passant des tartines au petit déjeuner.
Selon l’Elysée, après le départ de Theresa May et de son époux, restés dîner vendredi, il n’y aura pas d’autres rencontres bilatérales jusqu’au retour à Paris, aux alentours du 20 août. Pas même une entrevue estivale avec le Premier ministre au programme pour l’instant. En revanche, un déplacement présidentiel est envisagé vendredi prochain, de même que des sorties propices aux bains de foule, histoire de prendre le pouls des Français.
Grand amateur de symboles – du Louvre de la victoire aux rencontres diplomatiques à Versailles, en passant par le Puy-du-Fou –, Macron le théoricien du «récit national» s'installe pour quinze jours dans ce qui fut une forteresse militaire dès le XIe siècle, en surplomb des baies de Hyères et de Toulon, où tous les présidents de la Ve République ont défilé. Pendant ses vacances, il a l'intention de «prendre du repos tout en continuant à travailler dans une ambiance calme», dixit l'Elysée, après le vacarme qui a entouré les révélations sur Alexandre Benalla ces trois dernières semaines. De «l'affaire d'été» à «l'Elysée d'été».
A la rentrée, l'exécutif doit décider quoi faire de la révision constitutionnelle, à l'arrêt pour cause de tempête Benalla, et lancer les périlleuses réformes des retraites ou de l'assurance chômage. Mercredi, le chef de l'Etat a reçu les ministres pour un dîner dans le jardin de l'Elysée avant les vacances. «Il nous a demandé d'être joignables, et pour ceux qui restent en France, de ne pas hésiter à nous montrer un peu», relate un membre du gouvernement. Autant de capteurs avant de rentrer à Paris et se lancer dans l'an II.