Sa fiche Europol, qui trône en bonne place parmi les fugitifs les plus recherchés d’Europe, n’a pas encore fait l’objet d’une mise à jour. David Gras s’est constitué prisonnier jeudi en fin de matinée auprès du greffe de la cour d’assises du Nord, à Douai. Un acte rarissime dont la police nationale s’est fait l’écho sur son compte Twitter. Deux ans auparavant, le 8 juillet 2016, cette juridiction l’avait condamné par contumace à 25 ans de réclusion criminelle.
[ACTU] David Gras, l’un des criminels les plus recherchés d’Europe s’est livré à la justice à #Douai. Condamné à 25 ans de prison pour un braquage mortel commis en 2011, il faisait partie des fugitifs #MostWanted d’@Europol. pic.twitter.com/JtKoDdt5az
— Police nationale (@PoliceNationale) August 2, 2018
Le braqueur de 48 ans aux cheveux poivre et sel, selon sa photo de recherches, et aux multiples tatouages recensés comme des signes distinctifs par l'office européen de police, vient de mettre un terme à une cavale longue de près de sept années. Ce vendredi, nous a confirmé l'avocat de l'ex-fuyard, Me Jérôme Goudard, le parquet général de Douai a annoncé que, conformément aux dispositions du code de procédure pénale pour les jugements rendus par défaut, David Gras devrait être de nouveau jugé dans l'année à venir, cette fois en sa présence.
David Gras s'était hissé au rang des criminels les plus recherchés de l'Union européenne en prenant part à plusieurs braquages à main armée en bande organisée, commis au renfort d'explosifs et d'armes lourdes au début des années 2010, rappelle l'AFP. Selon sa fiche Europol, il était ainsi recherché pour «vol commis en bande organisée ou avec arme».
Skinhead
Le dernier braquage auquel a pris part David Gras a eu lieu le 21 septembre 2011 à Orly (Val-de-Marne). Tôt dans la matinée ce jour-là, accompagné de plusieurs complices, il s’était attaqué au fourgon d’une société de transports de fonds. Un convoyeur avait été tué et un passant pris en otage. Les braqueurs étaient parvenus à fuir en tenant les forces de l’ordre à distance en leur tirant dessus. Ils avaient dérobé plus de 8,2 millions d’euros. C’est de ce hold-up dont il avait été question au cours du procès d’assises de 2016, ainsi que d’un autre braquage commis dans les Ardennes le 16 juin 2011. Les malfaiteurs s’en étaient pris à un dépôt de fonds dans la ville de Villers-Semeuse, à coups d’explosifs.
Dans un article de février 2016, le Journal du Centre s'était intéressé au cas de David Gras, cet «ancien Neversois en cavale» activement recherché par les polices des 28 pays de l'Union européenne. Surnommé «Yeux bleus», l'individu aurait eu un passé de skinhead, selon les informations du quotidien régional, qui donnait la parole à un ancien punk de Nevers (Nièvre). Ce dernier aurait ainsi entretenu une inimitié tenace avec David Gras du fait de ses idées politiques. «Punk et communiste, j'étais la personne à abattre», témoignait-il dans les colonnes du journal local, il y a deux ans.
A ses trousses
Depuis sa reddition jeudi, «Yeux bleus» se trouve en détention provisoire entre les murs de la maison d'arrêt de Douai, où il va attendre son nouveau procès. D'après son avocat, joint par Libération, le souhait de David Gras en se rendant à l'institution judiciaire est de faire entendre sa voix sur les faits qui lui sont reprochés et pour lesquels il a été condamné en son absence. «Sa reddition est due à sa volonté de se défendre, de pouvoir s'exprimer. On n'a jamais entendu la voix de mon client dans ce dossier, explique Jérôme Goudard. David Gras est une personne libre, qui a soif de liberté. Désormais, il y a quelqu'un pour répondre.»
Dans un communiqué, le pénaliste avait précédemment déclaré que son client souhaitait «bénéficier d'un procès juste et équitable», et que «l'arrêt rendu par la cour d'assises de Douai étant non avenu [du fait de la reddition, ndlr], M. David Gras [était] aujourd'hui présumé innocent». Me Goudard explique aussi ne plus vouloir s'exprimer avant d'avoir accès au dossier judiciaire, en tant qu'avocat de la défense.
Sa fin de cavale fait écho au début de celle d'un autre braqueur, Redoine Faïd. Les deux événements surviennent à un mois d'intervalle. Ce dernier, récidiviste de 46 ans, s'est spectaculairement évadé de prison pour la deuxième fois le 1er juillet dernier. A l'aide de complices à bord d'un hélicoptère, il a été extrait de la prison de Réau (Seine-et-Marne) en dix minutes, dans laquelle il purgeait une peine de vingt-cinq ans de prison pour un braquage. L'homme a été aperçu en région parisienne depuis son évasion, mais les forces de l'ordre sont toujours à ses trousses.