«Je nage depuis mes 9 ans. La natation synchronisée, elle, est venue plus tard. Je l’ai découverte un peu par hasard à l’âge de 30 ans, après un déménagement à Paris pour le travail. Une équipe masculine s’était montée dans un des clubs LGBT de la capitale, le Paris-Aquatique, dans lequel je m’étais inscrit. Je n’avais jamais songé à en faire avant ça. Jamais un entraîneur de natation n’encouragera un jeune homme à s’orienter vers cette discipline ! C’est la même chose avec la danse et la gymnastique rythmique. Les garçons qui s’initient à la natation synchronisée ont souvent une mère ou une sœur qui en font aussi. Et la plupart d’entre eux abandonnent du fait de la pression sociale. Sous prétexte que certaines disciplines paraissent être artistiques, ce seraient des "sports de fille".
«C’est dommage que ces clichés genrés et tenaces empêchent des jeunes hommes de se réaliser sportivement. Justement, les Gay Games participent à un mouvement plus global d’ouverture de chaque discipline à tous. A l’heure actuelle, c’est encore la seule compétition dans laquelle je peux me produire en couple non-mixte ! Heureusement, cette vision genrée du sport tend à se réduire depuis 2015. La Fédération internationale de natation (Fina), qu’on ne peut pas vraiment qualifier de progressiste, a enfin donné l’autorisation aux grandes compétitions de natation synchronisée d’organiser des épreuves en duo mixte. Avant cette date, les garçons ne pouvaient participer qu’à des compétitions mineures. Espérons que cela offre une meilleure exposition de la discipline auprès du public masculin dans les prochaines années.»