Menu
Libération
5,5%

La mortalité routière continue de baisser

La Sécurité routière a annoncé vendredi une diminution de 5,5% du nombre de morts sur les routes en juillet, premier mois de l'application de la limitation à 80 km/h sur le réseau secondaire.
(Photo Philippe Desmazes. AFP)
publié le 10 août 2018 à 15h11

L'abaissement de la limitation de vitesse de 90 à 80 km/h sur les routes secondaires porterait-il (déjà) ses fruits ? La Sécurité routière publie ce vendredi ses premiers chiffres relatifs à la mortalité sur les routes depuis l'entrée en vigueur de la mesure, le 1er juillet. Et pour le troisième mois de rang, le nombre de morts sur toutes les routes de France métropolitaine a diminué. En juillet, c'est une baisse de 5,5% qui est enregistrée, dans la continuité d'une réduction de 9,3% en juin et 8,4% en mai (avant même l'entrée en vigueur de la mesure, donc). Le détail des chiffres en fonction du type de route (départementales, nationales et autoroutes) ne sera pas connu avant le bilan annuel, traditionnellement présenté en fin d'année. Sur les routes, le mois de juillet est une période habituellement dense en raison des nombreux départs et retours de vacances. Avec 324 tués, le mois de juillet 2018 affiche 19 morts de moins qu'en juillet 2017.

«Effet performatif»

Un mois après la fin des 90 km/h sur les routes bidirectionnelles sans séparateur central, il est encore prématuré de relier la diminution du nombre de morts à l'entrée en vigueur de la nouvelle limitation de vitesse. Contacté par Libération, le délégué interministériel à la Sécurité routière, Emmanuel Barbe, rappelle que «cette mesure des 80 km/h est avant tout une mesure de lutte contre les accidents. Mais concernant la diminution du nombre de morts sur les routes le mois dernier, nous n'avons pas encore d'éléments qui nous permettent d'attribuer catégoriquement cette baisse aux 80 km/h». Emmanuel Barbe concède néanmoins qu'un «effet performatif» a certainement contribué à la diminution de la mortalité au cours des derniers mois : «La simple annonce d'une mesure de baisse de vitesse joue sur les comportements au volant avant même son entrée en vigueur. Depuis le mois de janvier, c'est un sujet qui est très médiatisé.»

Vives controverses

Trop tôt, donc pour faire un bilan des 80 km/h sur le réseau secondaire. Ces routes «où l'on meurt le plus», avait argumenté Edouard Philippe pour défendre sa mesure qui a suscité de vives controverses. Annoncée en janvier par le Premier ministre, avec un train d'autres mesures au caractère répressif assumé, la réforme a été très contestée par les associations de motards et d'automobilistes, mais aussi par nombre d'élus locaux qui se sont mobilisés en vain pour empêcher son application. Car si la baisse de la vitesse épargne largement les territoires urbains, elle concerne une forte proportion des routes dans les départements ruraux. Au total, elle s'applique sur un réseau routier long de 400 000 kilomètres. Même certains ministres avaient exprimé, ouvertement ou pas, leur scepticisme vis-à-vis des 80 km/h, notamment le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, pourtant chargé de la sécurité routière.

Pas de quoi ébranler un Edouard Philippe personnellement engagé en faveur de la mesure, dont il attend une baisse de 300 à 400 du nombre annuel de morts sur la route, 3 684 l'an passé. A Matignon, on est persuadé que les résultats justifieront in fine la démarche du chef du gouvernement. D'après son entourage, «le nombre d'accidents mortels est déjà en baisse depuis le début de l'année, parce que les gens savent qu'on va serrer la vis. Le sujet de la sécurité routière était dans les limbes, on l'a fait revenir. Quand un politique de très haut niveau s'implique, ça marche».