Tant va la cruche à l’eau qu’elle finit par se briser. Lassés du système de compression des coûts, pierre angulaire du modèle économique de Ryanair, les pilotes de la compagnie irlandaise ont décidé de débrayer ce vendredi. Loin d’être un mouvement disparate, cette grève coordonne le mécontentement des navigants de cinq pays : l’Allemagne, la Belgique, la Suède, les Pays-Bas et Irlande, siège social de la compagnie et principale base opérationnelle.
Réaction brutale
Les pilotes contestent les contrats de travail de droit irlandais, avec un taux de cotisations sociales minimal, alors qu’ils peuvent être basés en Belgique ou en Allemagne. Ryanair a d’ailleurs été condamné par un tribunal correctionnel d'Aix-en-Provence pour avoir basé, à proximité de l’aéroport de Marseille, des équipages qui ne payaient pas leurs cotisations sociales en France. Depuis, la compagnie aérienne n'y fait plus stationner ses avions ou son personnel.
Les grévistes réclament également la fin du recours aux intérimaires. Une partie des équipages à bord des avions Ryanair n'est, en effet, pas salariée de la compagnie. Ils sont fournis par des agences spécialisées dans la mise à disposition de pilotes, d'hôtesses et de stewards. Face à ce mouvement de grève, la réaction de la direction a été à l'image de Michael O'Leary, le fondateur de la compagnie : brutale. Ryanair a, aux Pays-Bas, tenté une procédure en référé pour interdire aux pilotes de se mettre en grève. Le tribunal l'a déboutée. La compagnie a également annoncé qu'elle n'indemniserait pas les passagers victimes de cette grève, qualifiée d'«inutile» sur le compte Twitter de l'entreprise.
400 000 passagers sur le carreau
Une attitude en contradiction avec la réglementation européenne. «Depuis 2005, les compagnies se doivent d'indemniser leurs passagers dès lors qu'elles annulent un vol. La compensation va de 250 à 600 euros suivant la durée du vol. La position de Ryanair ne respecte pas la réglementation. La grève n'est pas un motif de non-indemnisation, car il est de la responsabilité des compagnies aériennes d'engager des négociations afin d'éviter les conflits sociaux», précise Jérôme Gratelle, le fondateur du site Air Indemnité, qui prend en charge des demandes de remboursement pour le compte des passagers.
Ce vendredi, quelque 400 vols devraient être annulés, laissant sur le carreau 400 000 passagers. Même si la France n’est pas l’épicentre du mouvement, elle est cependant touchée. Un vol à destination de Stockholm n’a pas décollé de l’aéroport de Beauvais, de même pour les vols en direction d’Oujda (Maroc) et Bruxelles au départ de Marseille.