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La gauche presse Macron d’accueillir «l'Aquarius» et ses 141 rescapés

Du Parti socialiste aux communistes, des responsables politiques appellent le Président à ouvrir en urgence un port français pour accueillir le navire de SOS Méditerranée qui cherche un lieu sûr pour accoster.
L'«Aquarius» au départ de Marseille, le 1er août. (Photo Boris Horvat. AFP)
publié le 13 août 2018 à 18h17

Le silence d'Emmanuel Macron face à l'appel de l'Aquarius, à la recherche d'un port où accoster avec 141 rescapés à son bord, provoque une vague de réactions à gauche. Un communiqué de Génération·s «demande solennellement à Emmanuel Macron d'ouvrir un port français, aujourd'hui et pour ses prochaines missions». Le mouvement de Benoît Hamon considère que le président de la République «cède en réalité avec une faiblesse et une complicité coupables aux pressions de M. Salvini et de l'extrême droite européenne et française». Matteo Salvini, ministre de l'Intérieur italien, avait fermé ses ports au navire de SOS Méditerranée le 10 juin, alors que 629 exilés se trouvaient à bord.

Guillaume Balas, coordinateur national du mouvement Génération·s, dénonce «l'atonie d'Emmanuel Macron, s'apparentant à une volonté de décourager les migrations». Un manque de réaction dans la droite ligne, selon lui, de l'«"orbanisation" de l'Europe» (du nom de Viktor Orbán, Premier ministre hongrois), caractérisée par une «politique d'exclusion et de rejet inefficace, et qui ne fait qu'amoindrir nos relations futures avec l'Afrique. L'Europe ne peut pas continuer à être dans le déni».

Ian Brossat, tête de liste du PCF aux européennes et adjoint à la Maire de Paris en charge du logement, dénonce «un spectacle pathétique. Une fois de plus, les Etats européens jouent au ping-pong avec les réfugiés et sont incapables d'organiser l'accueil». Lui aussi interpelle Emmanuel Macron: «Il me paraîtrait humain, d'abord, d'ouvrir nos portes à ces 141 personnes. Ensuite, il faut peser beaucoup plus fort à l'échelle européenne, pour établir des solutions durables à la crise de l'accueil.»

Silence «assourdissant» des autorités

Rachid Temal, vice-président du groupe PS au Sénat, a appelé solennellement le président de la République à accueillir l'Aquarius. «On ne peut pas aujourd'hui, au XXIe siècle, laisser un bateau comme cela au milieu de la Méditerranée. Je ne peux pas m'habituer à ces drames-là.» Le sénateur déplore le «silence assourdissant des autorités françaises». Du côté de La France insoumise, Clémentine Autain a également interpellé le gouvernement sur Twitter ce matin : «Il faut ouvrir un port français pour l'Aquarius. Vite. Pas de vacances pour le devoir de solidarité.»

Stagnant entre Malte et l'île italienne de Lampedusa, le navire a reçu deux réponses officielles négatives de la part de Malte et de l'Italie, a fait savoir la présidente de SOS Méditerranée, Sophie Beau. L'ONG appelle l'ensemble des Etats européens «à prendre leurs responsabilités pour trouver un port sûr en Méditerranée». Pour Sophie Beau, la situation actuelle est une nouvelle fois «en contradiction la plus totale avec le droit maritime international, et tout cela se fait sur le dos de personnes en danger».

Après deux sauvetages consécutifs vendredi au large des côtes libyennes, l'Aquarius compte à son bord 141 personnes exilées. La moitié d'entre elles sont des enfants. Un tiers sont des femmes. Les rescapés viennent principalement de Somalie et d'Erythrée, a fait savoir l'ONG.