Menu
Libération
NDDL

A Rennes, la relaxe d'un zadiste condamné à de la prison ferme

Notre-Dame-des-Landes, l'aéroport enterrédossier
La cour d'appel de Rennes vient de relaxer un homme condamné en première instance à un an de prison ferme après avoir été interpellé dans la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, au cours de l’opération d’évacuation. Une décision qui pourrait s'avérer favorable pour les autres dossiers en appel.
A Notre-Dame-des-Landes, le 17 mai. (Photo Franck Tomps)
publié le 22 août 2018 à 18h57

Maintenu en détention pendant quatre mois, un zadiste vient d'être relaxé en appel à Rennes. Agé de 33 ans, «JB» (ainsi surnommé par les opposants à l'aéroport) avait été condamné à un an de prison ferme par le tribunal de Nantes le 17 mai dernier. Une décision assortie de six ans d'interdiction de séjour en Loire-Atlantique. «C'était une sanction extrêmement sévère» juge son avocat Me Stéphane Vallée, habitué de la défense de zadistes poursuivis en justice. Me Vallée se dit aujourd'hui «extrêmement content» du délibéré de Rennes rendu ce 22 août : «La relaxe n'était vraiment pas acquise !»

Nier en bloc

Le jeune homme avait été interpellé à Notre-Dame-des-Landes le 16 avril, une semaine après le lancement de l’ample opération d’évacuation de la zone par le ministère de l’Intérieur. La veille, de nombreux soutiens étaient venus renforcer les rangs des zadistes faisant face aux forces de l’ordre. «JB» était accusé d’avoir commis, ce 15 avril, des violences sur gendarmes mobiles: des jets de projectiles ayant causé respectivement zéro et un jour d’ITT aux deux plaignants. Identifié par les forces de l’ordre comme un leader, «JB» a toujours nié en bloc.

Le jeune homme reconnaissait seulement s'être trouvé sur les lieux, muni d'un bouclier artisanal, d'un gilet pare-balles et de protège-tibias. «Son équipement témoigne d'une professionnalisation de la guérilla contre tout ce qui incarne l'Etat », estimait en première instance, à Nantes, la procureure générale Florence Sroda, selon des propos rapportés par Ouest-France. Souffrant de problèmes de santé chroniques, «JB» se décrivait dans un état trop faible pour avoir pu prendre part aux affrontements. «La police se trompe. Il y avait tellement de lacrymogène qu'on ne pouvait rien voir. Et je ne pouvais pas jeter de projectiles de peur de blesser mes camarades», s'était-il défendu, toujours selon Ouest-France.

«Justice d’exception»

Lorsque le procès en appel de «JB» a débuté le 14 août à Rennes, un rassemblement de soutien avait été organisé place du Parlement-de-Bretagne. Les opposants à l'aéroport dénonçaient une répression judiciaire, visant à faire des exemples politiques, bien loin d'être terminée malgré la fin des opérations. «Quatorze procès sont encore à venir au tribunal de Nantes et des dizaines ont eu déjà eu lieu», relevait alors le Carila (comité antirépression issu de la lutte contre l'aéroport) ayant appelé au rassemblement. Le collectif liste «des interdictions de Loire-Atlantique allant de six mois à six ans, des condamnations à de la prison avec sursis par dizaines mais aussi au moins six condamnations à de la prison ferme. Plusieurs personnes sont toujours incarcérées à la maison d'arrêt de Carquefou».

Pour «JB», l'avocat général avait requis la confirmation de la peine en appel. La relaxe finalement obtenue apparaît donc à MVallée comme le signe qu'«un véritable travail sur le dossier a été mené. Le tribunal de Rennes est habitué aux contentieux liés à la ZAD, c'est une juridiction qui n'est pas éloignée de ce qui s'y passe. La question de la répression valait aussi pour ce dossier», souligne l'avocat. «On peut espérer, avec cette décision, une volonté de faire désormais comme avec n'importe quel dossier judiciaire, sans justice d'exception !» Il veut y voir un signal positif pour les autres jugements en appel à venir, pour lesquels «chaque dossier sera étudié individuellement».

«JB» devrait sortir de détention dans l'après-midi du 22 août, suite au délibéré. La relaxe ouvre au jeune homme le droit d'exiger une indemnisation pour sa détention provisoire. Cela reste tout de même «la première conséquence positive, considère Me Vallée, parce que faire quatre mois de détention pour une relaxe, ça reste dur à encaisser…»