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Insecte, ton compte est bio !

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Mites dans le placard, puces sur les chats, mouches sur les plats et punaises dans le lit. Après de nombreuses invasions, on a voulu se débarrasser des infâmes bestioles. Alors on a sorti l’artillerie la plus lourde possible, tant qu’elle restait écolo.
(Illustration Loïc Sécheresse)
publié le 22 août 2018 à 17h06

Non, on ne parlera pas des poux, les poux, c’est pour la rentrée - et puis on en a assez parlé, des poux, que chacun se débrouille avec ses chères têtes de pouilleux. Ni des cafards, que chacun se débrouille aussi. Il y a bien d’autres nuisibles dont on parle moins, hélas, et qui sont autant une tannée que les insectes susdits : ceux qui habitent sur les animaux, dans les maisons, dans le jardin, dans les placards, et souvent partout à la fois. Et se multiplient l’été, évidemment. De même que dans le jardin on n’utilise pas de pesticides mais de la bière ou du concombre posé sur de l’alu contre les limaces, ou des citrons pour faire fuir les fourmis, on a cherché et testé des solutions pour l’intérieur sans produits chimiques ni insecticides.

On est super bio : on a des poules (lire Libération du 8 août), on fait zéro déchet le plus possible, mais comment lutter contre les mouches, puces, mites et punaises (et là, parfois, le seul conseil, c'est de déménager en laissant tout sur site) ? C'est une bataille écolo de chaque minute, sans faille : pas le moindre shoot de Baygon, pas de prise antimoustique, pas de lotion pleine de cochonneries sur la peau pour éloigner les tiques. On met son pantalon dans les chaussettes (très élégant), le plus de tissu possible sur la peau pour les balades, on prend une douche au retour et on met les fringues au sèche-linge (pas écolo, ça, OK). Ça fait parano, mais la maladie de Lyme, nein Danke. Et on inspecte les chats et chiens régulièrement, tire-tique à la main.

Las, soyons objectifs, certains combats sont perdus d’avance : on ne fait pas partir un nid de frelons en leur parlant gentiment d’une voix bio, avec un anti-insecte à base de pyréthrine végétale (ça marche pas mal pour des bestioles moins violentes). On laisse ça au monsieur qui les gaze, parce qu’une piqûre de frelon, l’auteure de ces lignes en sait quelque chose, ça te fout par terre pour trois jours - voire, ça tue. A suivre, notre parcours bio d’élimination de quelques nuisibles notoires.

Haro sur les mouches

Ces saloperies de mouches noires, ou pas, pullulent dans les maisons, à la recherche de bouffe, de déchets comestibles, contaminant les aliments et balançant des maladies pas ragoûtantes (la cuisine est souvent, euh, bordélique, alors forcément ces raclures en profitent), en plus d’être hyper gonflantes à te tourner autour comme ça.

Tiens, la bouffe des chats : un matin, au réveil, on a retrouvé le sol de la cuisine qui bougeait tout seul d’une invasion de vers comme jamais vue, née de la ponte des mouches dans la gamelle. Des trucs grassouillets d’un centimètre environ recouvrant les tomettes d’un tapis mouvant absolument dégueu et dont il est très difficile de se débarrasser (deux heures, ça a pris, et quelques nausées).

Ou bien on élimine les chats, ou bien on élimine les mouches, ce qui est mission quasi impossible. Basilic, tu parles. Tapette électrique, ça fait trop gégène. Vaporisation de bicarbonate, rien à foutre. Moustiquaire, oui, pas bête, mais c’est compliqué sur la baie vitrée qui reste ouverte pour sortir, hein. Alors, on a mis des rouleaux de scotch ultrapoétiques qui pendouillent dans la maison, avec mouches qui s’y collent, et cheveux des amis peu attentifs aussi. En recouvrant l’assiette des fauves tant que c’est pas l’heure de la cantine, on survit à peu près. Mais gare aux restes de melon ou de viande…

En lutte contre les puces

Et c’est comme ça qu’on se retrouve, entre sa chambre d’en haut en plancher et les tomettes du bas, donc dans la descente de l’escalier, avec des sortes de chaussettes de puces noires et extrêmement gloutonnes : les chats, encore eux, en sont infestés malgré les produits (pas bio du tout) qu’on leur fait ingérer à grands frais de vétérinaire, et en déposent partout: lit, canapé, sol, fauteuil…

Je cite le site Anti-puce.fr qui s'y connaît : «La puce prend son premier repas (de sang) dans les 20 minutes après avoir abordé un hôte. 24 à 48 heures après, la puce femelle pond. Une puce peut pondre de 20 à 30 œufs par jour jusqu'à sa mort. Ils sont ronds ou ovales, leur coque est lisse et d'un blanc nacré. Leur texture est collante mais l'œuf tombe facilement d'un animal. Selon ces conditions, l'œuf éclôt après 2 à 10 jours.» De la larve à la puce, en passant par l'état de nymphe, qui peut attendre 150 jours dans son cocon des circonstances favorables pour émerger. Par exemple, un retour de vacances humain, la smala qui fait trépider les sols, et c'est une bombe à retardement, avec des démangeaisons insupportables aux pieds, chevilles, mollets (voire tout l'arrière du corps si tu gis sur un canapé infesté, voire sur le visage s'il y en a dans l'oreiller).

On a tout essayé, la solution chimique tellement puissante qu’il faut quitter la maison au moins deux jours, les fumigations, les prières… Tout, jusqu’à ce qu’une amie, victime elle aussi des invasions funestes, conseille la terre de diatomée. De ? De diatomée, oui, un très bon insecticide bio en poudre (en tant que superabsorbeur d’humidité, il vide les insectes de tous leurs fluides et les tue par effet de dessèchement). En jeter plein sur le sol, le matelas, le canapé, partout, ça fait de la poussière blanche chiante à nettoyer, mais c’est efficace. On n’a pas osé en mettre sur les chats, la copine, oui. Le chat est vivant.

La traque aux mites

Aaaaaah la mite, philosophique ou pas, surtout alimentaire ou pour les fringues. La première s’investit à fond dans les placards de bouffe, contaminant absolument tout. C’est la pyrale de la farine, sorte de papillon mais moche, de 25 millimètres, qui vit environ deux semaines. Assez pour pondre à la louche entre 200 et 300 œufs blancs. Puis, après quatre jours, naissent les larves et, au bout d’environ un mois, après le passage dans la chrysalide (le cocon), voilà la nuée de mites alimentaires. De trois à six générations par an, une capacité de reproduction exponentielle.

On remarque d’abord un infect petit cocon blanc suivi de vers qui s’incrustent dans les paquets de farine, céréales, semoule, flocons d’avoine, müesli, biscuits, légumes secs, tablettes de chocolat, pâtes alimentaires : cette année-là, il a fallu TOUT jeter, nettoyer au Kärcher et jurer qu’on ne se ferait plus jamais avoir. Certains, traumatisés, mettent même les aliments dans des bocaux conçus pour éviter une éventuelle contamination par les emballages.

Dans les magasins bio, il y a des aérosols spécial mites, qui les pulvérisent de manière efficace et qu'il faut ensuite bien nettoyer au vinaigre blanc et au bicarbonate. Ou alors des pièges, à base de phéromones, qui fonctionnent aussi avec les mites de fringues, une belle tannée ça aussi. Le piège est englué, les mites (Tineola bisselliella, de leur vrai nom) s'y collent et zou. L'insecte décomposeur kiffe la sueur (donc on ne range pas de fringues sales), les fibres animales et le cocon douillet d'un chaleureux placard à vêtements, qu'il faut donc nettoyer régulièrement et asperger de lavande, elles n'aiment pas ça. Le truc qui colle (le scotch pendu à la poutre) est encore le plus efficace, selon nos services.

En guerre contre les punaises

Alors ça, la punaise de lit, c'est l'enfer grattatoire et l'enfer pour s'en débarrasser. Oui, l'enfer tout court doit être peuplé de ces petites crevures visibles à l'œil nu, les Cimex lectularius , qui ressemblent en gros à une lentille verte, se déplacent à toute vitesse, ne volent pas, infestent tous les lieux humains (hôtels, chambre d'hôtes, hôpitaux, maison de retraite, crèches, écoles, dortoirs), arrivent dans les bagages des copains qui en avaient chez eux, se meuvent très facilement d'un appartement à un autre, ou de n'importe quel endroit d'ailleurs, et piquent à n'en plus finir l'humain, principalement la nuit. Le jour, la punaise se planque dans les lattes des planchers à l'abri de la lumière.

La femelle peut pondre de 200 à 500 œufs selon sa source de nourriture humaine, en les laissant par grappes de 10 à 30, souvent dans le lit près de son humain, qui trouvera des petites piqûres sur sa peau. Là, on aspire, on lave tout le linge, on fait un nettoyage avec le nettoyeur vapeur de mamie, on se débarrasse des meubles, on est au bord de déménager. La punaise est le diable, en fait, et on ne peut pas s’en défaire sans l’aide d’un pro : double ration d’insecticides, la première directement sur les sources d’infestation, la seconde par fumigation dans chaque pièce. Je dois bien avouer en pleurant que ça ne marche pas toujours. Le diable, c’est, je te dis.

Dessin Loïc Sécheresse

Vendredi J'ai testé le Grand Paris