C'est dans les terres chiraquiennes de Corrèze, à Brive-la-Gaillarde, que «Libres», le mouvement de Valérie Pécresse associé à LR, a fait son «rassemblement de rentrée», vendredi. Avec une volonté : faire de l'union de la droite et du centre réunis la force d'opposition principale à Emmanuel Macron. Et au passage, voler la vedette à Laurent Wauquiez, qui fera sa rentrée ce dimanche avec la traditionnelle ascension du mont Mézenc. «C'est une démonstration de force, nous voulons montrer que nous sommes à l'offensive idéologique», assure Maël de Calan, porte-parole de Libres. Comme démonstration de force, on aura vu foules plus impressionnantes. Quelques centaines de militants, pas plus, étaient présents sous le chapiteau du parc des Perrières, à Brive. Une dizaine de tee-shirts «Libres» portés par des jeunes, quelques panamas avec un bandeau «Valérie Pécresse», un peu de drapeaux français distribués au moment de son discours. En revanche, pas mal d'élus et de personnalités de la droite et du centre avaient fait le déplacement. Au programme de la journée : tables rondes consacrées à l'immigration, au pouvoir d'achat et à l'agriculture le matin, discours d'élus et de Valérie Pécresse l'après-midi. Objectif : montrer qu'entre LREM et Laurent Wauquiez, il existe un véritable courant politique.
Décentralisation
A Brive, vendredi, l'ennemi public numéro 1 était bien le président de la République. Christian Estrosi, maire de Nice, fustige un «gouvernement vertical». De son côté, Jean Rottner, président de la région Grand-Est, s'oppose à la «certitude que seul l'Etat peut et que seul l'Etat sait». L'angle d'attaque est tout trouvé pour la rentrée : face au Président qui gouverne tout seul, d'en haut, la droite doit mettre en avant la décentralisation et le dialogue. Dominique Bussereau, président de l'association des départements de France et ex-LR, propose un «pacte de Brive». Avec deux piliers : défendre un mouvement de décentralisation dans une «France des territoires maltraitée», et réunir la droite - «Libres peut réincarner ce que fut l'UMP sous Chirac, le rassemblement de toutes les sensibilités de droite».
Rassembler pour s'opposer à Macron : et pour cela, éviter les sujets qui fâchent avec Wauquiez. En vidéo, Gérard Larcher, président du Sénat, a salué l'initiative de Libres, tout en soulignant que «Laurent Wauquiez est notre président, il est légitime». A Brive, il sera donc peu question d'Europe, point d'achoppement avec une droite eurosceptique. Cela n'empêchera pas Christian Estrosi d'avertir le président de LR : «Il n'y a pas de rénovation possible avec ceux qui ont la même passion de l'exclusion, le même centralisme, le même mépris des militants que ce qu'on a connu par le passé.»
«Gros morceau»
Pendant la pause-déjeuner, militants et élus déjeunent autour de tables disposées dans le parc. Entouré d'un groupe de jeunes Franciliens, le député de l'Essonne Robin Reda croit en l'avenir de la droite : «Macron n'a pas réussi à digérer la droite, c'est un trop gros morceau pour lui.» Un jeune Francilien acquiesce : «Les "constructifs" se sont fourvoyés, maintenant il faut reconstruire la droite.»Pécresse finit la journée par un discours très offensif contre Macron. Et donne rendez-vous à son mouvement pour les européennes : «Bien loin des tentations eurosceptiques, je ferai tout pour que Les Républicains présentent, aux prochaines élections, un projet et une liste profondément proeuropéens.» Pas question d'aborder la rentrée politique en diviseur. Même si, comme le dit Maël de Calan, «il y a deux lignes».
Photo Albert Facelly