Après des craintes de débordement, le festival végan qui devait se tenir à Calais le 8 septembre a été annulé. Dans un communiqué, la mairie justifie sa décision par «la multiplication» d'informations «annonçant une série d'opérations visant à semer le trouble et à perturber l'ordre public». Sur sa page Facebook, l'association Farplace, organisatrice de l'événement, qui devait réunir aussi bien des associations militantes comme L214 que des stands de produits végans, avec cours de cuisine et espace pour enfants, se désole et explique : «Des chasseurs et des éleveurs se sont associés pour proférer des menaces très claires à propos de ce qu'il pouvait se passer si l'événement était maintenu.»
Essayer de trouver un autre lieu, la mission est presque impossible à quinze jours de la date fixée et, surtout, estiment les responsables de Farplace, «ceux qui veulent si fortement nous museler menaceraient très probablement aussi les propriétaires de cet autre endroit». Julie, qui devait s'y rendre pour présenter sa ligne de cosmétiques, s'indigne : «C'est inadmissible de succomber à la pression d'un groupe extrémiste. Nous sommes pacifiques, le festival devait se dérouler dans un cadre bon enfant, familial.» Mais l'atmosphère dans la région est tendue à la suite des caillassages de vitrines de petits artisans, boucher, poissonnier, fromager, par des militants antispécistes. Ce mouvement refuse toute exploitation des animaux, et une frange activiste a décidé de passer à l'action pour faire parler de leur cause.
Laurent Rigaud, le président du syndicat des bouchers-charcutiers traiteurs du Nord, assume la responsabilité de cette annulation : «Nous avions prévenu que nous irions au contact quand les végans manifesteraient. Nous serions venus en nombre au festival à Calais. L'ensemble des acteurs autour de l'alimentation, commerçants, agriculteurs, pêcheurs, ont fait passer le message auprès des autorités. Il était en effet plus sage d'annuler.» C'est le début du bras de fer annoncé. Julie s'agace : «Ils n'apaisent pas les esprits en agissant de la sorte, ils sont en train d'échauffer tout le monde.» Elle le rappelle, «les militants qui cassent les vitrines sont une minorité chez les végans.» Sur Facebook, les commentaires se multiplient, et Farplace appelle au calme : «Amis, amies, n'insultez pas.»