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Libération

Racisme à l’AS Mackenheim : la victime toujours pas reconnue

publié le 24 août 2018 à 20h36

Jeudi, Kerfalla Sissoko était à nouveau convoqué par les instances du foot. Lors d’un match le 6 mai à Mackenheim, ce joueur noir de l’AS Benfeld, club alsacien de D3, a été menacé avec un couteau de cuisine après avoir essuyé des injures racistes. Puis passé à tabac, jusqu’à perdre connaissance.

Triple fracture au visage, trauma cranien. Et pourtant, en première instance, fin mai, c'est lui et son coéquipier noir Moudi Laouali, victime également de coups, qui ont été sanctionnés par la commission de discipline du district d'Alsace. Dix matchs de suspension. Comme pour deux de leurs agresseurs, joueurs de l'AS Mackenheim. Le président de la commission avait affirmé : «Dans cette affaire, le racisme est accessoire.» Ces sanctions ont été confirmées en appel en juillet, comme le révélait Libé dans un dossier sur le racisme dans le foot amateur.

Les deux clubs ayant à nouveau fait appel, l'affaire a été examinée jeudi à ligue du Grand Est, l'instance régionale. Jean-Michel Dietrich, président de l'AS Benfeld, y raconte la tension, ses trois joueurs noirs pris pour cible, Laouali piétiné, Sissoko «qui se fait massacrer». Puis que le lendemain, lorsqu'il sonde son équipe, les joueurs blancs, qui n'ont jamais été auditionnés, décrivent, comme leurs coéquipiers noirs, l'ambiance de la première mi-temps : les «Retourne dans ta brousse», «Sale nègre» qui fusent…

Question de la commission : «L'arbitre a-t-il entendu les propos racistes ?» L'arbitre n'étant pas là, on interroge Sissoko. «Non», répond-il. Le joueur est au sol, crie, l'arbitre est à côté, «il n'a jamais sifflé». La commission ne bronche pas. Sissoko aurait dû se plaindre à son capitaine, qui aurait fait remonter.

Au tour du club de Mackenheim. La commission : «Et sur le propos raciste, vous n'avez rien entendu ?» Non. Les dirigeants du club affirment que Sissoko a donné le premier coup. «Je me suis défendu, ils étaient plusieurs sur moi», explique ce dernier. «C'est pour ça qu'[il] a eu un carton rouge», explique la commission. La séance est levée. Décision dans quelques jours.