L’association pour la taxation des transactions financières et l’action citoyenne (Attac) et le centre de recherche et d’information pour le développement (Crid) sont à l’initiative de l’université d’été des mouvements sociaux et citoyens, terminée dimanche après cinq jours de débats et d’ateliers. Une première édition co-organisée par plus de 200 collectifs. Bilan : plus de 2100 participants, venus s’informer et se former aux luttes d’aujourd’hui, de l’école de l’émancipation à l’éco-féminisme, en passant par l’agriculture raisonnée ou la cybersécurité.
Quel bilan tirez-vous de cette première université d’été des mouvements sociaux ?
Le dernier jour, nous étions à 2 100 participants inscrits, avec quelques personnes en plus arrivant dimanche matin. Nous nous étions fixé un objectif de 1 500, ce qui ne nous semblait déjà pas facile à atteindre, alors nous sommes très satisfaits. Nous avons eu beaucoup de remontées sur la qualité des débats et des intervenants. Le fait qu’il y ait eu des temps théoriques et des ateliers pour préparer l’action sous le mode de l’éducation populaire, ça a beaucoup plu. Bien sûr, il y a eu quelques petits soucis, comme un atelier annulé ce matin, mais globalement, ça a roulé du début à la fin.
On a bien senti la diversité des réseaux associatifs présents, avec la bonne surprise de voir un public intergénérationnel. Dire que les jeunes ne s’engagent pas, c’est une formule toute faite. Les jeunes s’engagent, différemment de nous certes, mais avec les mêmes colères. Ils ont davantage l’envie de faire, d’expérimenter, plutôt que de rester dans le discours. Nous sommes passés de grandes assemblées théoriques, comme avait l’habitude d’en organiser Attac, à une adéquation avec des pratiques, des expérimentations. Les propositions de notre université d’été entrent en résonance avec les envies d’engagement de ce public.
Comment percevez-vous la vitalité du mouvement associatif face à la situation de la gauche politique ?
La co-organisation avec tous ces autres collectifs, ça a marché parce qu’on est en 2018. Ça n’aurait peut-être pas fonctionné il y a quatre ou cinq ans. Là, on a Macron, sa politique sociale violente, ses mesures antidémocratiques autour de l’état d’urgence, sa politique migratoire, son manque d’action pour le climat. Or, les mobilisations sociales ont du mal à marquer des points face à ce gouvernement. Cela fait naître le sentiment qu’un collectif tout seul n’y arrive pas. L’université d’été est un espace de confiance, où l’on va mieux se connaître, s’il y a besoin de faire front dans les mois qui viennent.
Du côté de la gauche politique, ce n’est pas simple : les débats sont compliqués, il y a des tensions… Les échéances européennes qui arrivent vont être compliquées, même si La France insoumise émerge. De son ambition d’être leader des mouvements sociaux l’an dernier, ce parti est passé à une posture plus respectueuse. C’est que les mouvements sociaux ont montré qu’ils étaient capables de prendre des initiatives, de discuter avec des partis politiques sans se faire instrumentaliser. L’université d’été ancre davantage cela. Et les associations et syndicats expriment un besoin de débats de fond qu’ils ne trouvent pas dans les espaces politiques classiques.
Y aura-t-il une nouvelle université d’été solidaire en 2019 ?
On a déjà des gens qui nous demandent : «Alors c'est où l'an prochain ? A quelle date ?» Le Crid a plutôt l'habitude d'organiser une université d'été tous les deux ans. Nous, chez Attac, on avait dans les tuyaux une université d'été européenne à organiser dans deux ans. On va prendre le temps de se poser, de faire un bilan, un travail de fond. Fin août 2019, il y aura aussi le G7 à Biarritz. Est-ce que ce sera déjà un moment de mobilisation altermondialiste ? Il est encore trop tôt pour le dire. Mais c'est vrai qu'il y a une attente des gens, donc on va réfléchir sérieusement à une deuxième édition.