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Démission de Hulot : à droite comme à gauche, Macron dans le viseur

Hulot, et après ?dossier
Les oppositions applaudissent le départ du gouvernement de Nicolas Hulot, le ministre de la Transition écologique, et considèrent que l'exécutif en sort affaibli.
Emmanuel Macron et Nicolas Hulot lors de la COP23 à Bonn en 2017. (Photo John MacDougall. AFP)
publié le 28 août 2018 à 18h10

Haro sur Macron. Les oppositions ont salué à la quasi-unanimité la démission surprise de Nicolas Hulot, le ministre de la Transition écologique, ce mardi en direct sur France Inter. L'occasion pour les formations de tirer à boulets rouges sur Emmanuel Macron et l'action gouvernementale.

En perdant sa caution environnementale, la «Macronie commence sa décomposition», a déclaré Jean-Luc Mélenchon sur Twitter mardi matin. Pour Manuel Bompard, directeur des campagnes de La France insoumise (LFI), cette démission de Nicolas Hulot est la confirmation que le «en même temps» caractéristique du Président n'est pas tenable en matière écologique. «Il n'y a pas de politique écologique possible sans rompre avec les traités européens», a-t-il aussi noté sur Twitter. Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national (RN, ex-FN), a, elle, dénoncé la «soumission du gouvernement aux critères de Maastricht»

Entre l'écologie et les lobbys, Macron a choisi, estime Yannick Jadot. Interrogé sur BFM, l'eurodéputé et tête de liste EE-LV aux européennes de mai 2019 a estimé que l'écologie sauce Macron, c'est surtout de la «communication». «Lorsqu'il s'agissait de prendre des décisions, poursuit-il, c'est le lobby des pesticides, du nucléaire et de l'agriculture productiviste que le président suivait», a-t-il tancé. Le premier secrétaire du Parti socialiste (PS), Olivier Faure, n'a pas non plus épargné Emmanuel Macron: sur Twitter, il évoque «un pouvoir qui a abandonné toute référence au progressisme et à l'écologie». La présidente du groupe Nouvelle Gauche à l'Assemblée nationale, Valérie Rabault, pointe le «renoncement du gouvernement acté par la démission de Nicolas Hulot».

«L’illusion Macron»

A droite aussi, malgré une appétence limitée pour les questions relatives à l'environnement, l'occasion est trop belle pour ne pas taper sur la politique d'Emmanuel Macron. Invité sur RTL, le président du parti Les Républicains (LR), Laurent Wauquiez, a assuré comprendre que Hulot, dont il ne «partage pas les idées»«se sente trahi» après les promesses environnementales du président de la République. Force est de constater «qu'à l'arrivée, ce n'est pas très tenu [les promesses ndlr]», euphémise-t-il. Annie Genevard, députée LR du Doubs, voit dans cette démission la démonstration qu'«après quelques mois d'exercice du pouvoir, l'illusion Macron s'estompe jusque dans les rangs de son propre gouvernement».

Blâmés de toute part, les macronistes observent un silence qui n'est pas sans rappeler celui du début de l'affaire Benalla. Edouard Philippe, a comme à son habitude laconiquement répondu aux questions de Franceinfo et salué le travail du ministre dont il assure qu'il a «aimé travailler avec lui». Pour tenter de rassurer les écolos-macronistes, il a tenu à leur réaffirmer la «détermination du gouvernement […] pour suivre la même direction». Ce dont semblait douter il y a à peine quelques semaines l'ex-ministre. Au début du mois, il confiait à Libération: «Si je m'en vais, il va y avoir 3 EPR de plus dans les prochaines années.»