Des «irréductibles Gaulois» dans la rue, début octobre? C'est ce que proposera, ce jeudi, Pascal Pavageau, le numéro 1 de Force ouvrière, à ses homologues, lors d'une intersyndicale qui se tiendra au siège de son syndicat. Reçu en début de matinée par le Premier ministre, dans le cadre de «bilatérales» sur les chantiers sociaux de la rentrée, le secrétaire général a affiché son mécontentement, dénonçant «une attaque coordonnée tous azimuts» du modèle social français de la part du gouvernement.
Rebondissant sur les propos d'Emmanuel Macron, au Danemark, autour du «Gaulois réfractaire au changement», le syndicaliste a filé la métaphore sur le perron de Matignon. «Nous sommes en 2018 après Jésus-Christ, toute la Gaule a été envahie par les Jupitériens. Toute? Non. Il existe beaucoup d'irréductibles Gaulois attachés au modèle social, attachés au progrès social, qui encore et toujours luttent contre les régressions qui sont organisées», a-t-il lancé après sa rencontre avec Edouard Philippe. Avant de se faire menaçant: «Et les garnisons de Matignon, pour eux la vie ne va pas toujours être facile car nous avons une potion magique: le collectif.»
«Est-ce que vous en êtes ou pas?»
Objectif, donc, en des termes moins imagés: «Aller sur une mobilisation interprofessionnelle» et «la grève interprofessionnelle» en octobre. Rien de neuf, puisque Pascal Pavageau évoquait déjà ce scénario dans les colonnes de Libération début juillet. Il lui faut désormais convaincre les autres syndicats. «Ce sera la question du premier tour de table: Est-ce que vous en êtes ou pas?», explique Karen Gournay, secrétaire confédérale de FO. Le syndicat espère qu'une date de mobilisation pourra être fixée pour la première quinzaine d'octobre. On n'y est pas encore: pour l'heure, impossible de savoir, selon FO, qui participera à cette intersyndicale, seule la CGT ayant confirmé sa présence…
Les organisations syndicales ont certes été refroidies par les annonces de rigueur budgétaire sur certaines prestations sociales et les retraites annoncées par le Premier ministre, dimanche. La réforme de l'assurance chômage, dans les tuyaux, est aussi source d'inquiétudes. Mais cela sera-t-il suffisant? Selon Pascal Pavageau c'est davantage la réforme des retraites vers un système par points, attendue en 2019, qui pourra «jouer le rôle de catalyseur». Mais le sujet divise les syndicats. Loin des positions de FO qui dénonce une «logique d'individualisation», le discours de la CFDT, en faveur d'un «système universel», apparaît plus compatible avec les visées du gouvernement. De quoi amoindrir le «collectif».