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Urbanisme

Le futur méga-centre EuropaCity livré en pièces détachées ?

Alors que le protocole qui liait la filiale du groupe Auchan et l'Etat va être prorogé pour trois ans, le groupe ne cache pas qu'il envisage de phaser l'ouverture de l'équipement.
Vue du projet Europacity publiée le 27 septembre 2017 et réalisée par l'entreprise Alliages et Territoires (Photo Handout. AFP)
publié le 31 août 2018 à 18h49

S'il ouvre en 2024 comme prévu, le méga centre commerces-culture-loisirs-hôtels-spectacles EuropaCity sera-t-il un peu moins méga que prévu? Ces promoteurs n'excluent plus un phasage, comme l'a signalé Le Monde. «Cela fait partie des choses que l'on étudie», reconnaît Benoît Chang, directeur général d'Alliages et Territoires, la filiale du groupe Auchan qui porte le projet. Le protocole qui lie sa société à l'Etat, signé pour trois ans en 2015, va être reconduit pour trois autres années et l'hypothèse d'un phasage figure parmi les «clauses de meilleur effort» ajoutées à ce document.

Il n'empêche, même assortie de conditions nouvelles, l'annonce de la reconduction du protocole a ulcéré les opposants au projet. Dans un communiqué, les élus écologistes de la région Ile-de-France dénoncent «les arrangements cosmétiques» tandis que leurs homologues du Front de gauche s'insurgent contre «le passage en force de l'Etat».

Depuis que ce projet qui mélange commerces, tourisme, loisirs et parc d’attractions sur 80 hectares est devenu public en 2012, toutes les grandes associations de défense de l’environnement se sont regroupées dans le combat contre EuropaCity. Mais tandis que ce front du refus grossissait, les ambitions des promoteurs, elles, se voyaient régulièrement rabotées. En 2017, les conclusions mitigées du débat public les contraignent à revoir leur copie. Ils ont de plus en plus de difficulté à défendre les supposées qualités environnementales d’un équipement qui artificialise massivement les sols. De même, les dirigeants d’Alliages et Territoires peinent à soutenir que les 230 000 mètres carrés de magasins ne vont pas «cannibaliser» le tissu commercial alentour en détruisant des emplois.

Auditionnés lors de l'enquête publique sur le projet d'aménagement du Triangle de Gonesse, deux responsables d'Alliages et Territoires ont reconnu qu'une ouverture partielle était sur la table. «Ils ont prévu un phasage du programme commercial de façon à pouvoir jauger progressivement l'impact sur les secteurs commerciaux environnants», écrit le commissaire enquêteur dans son rapport. Les auditionnés souhaiteraient même «pouvoir contribuer (avec tous les autres acteurs) à recréer un dynamisme des centralités de Gonesse et des autres communes du secteur».

Benoît Chang n'exclut donc plus une ouverture en plusieurs temps, à condition que «la première phase soit fortement diversifiée et attractive. Cela n'aurait pas de sens d'ouvrir sans un équipement de culture ou de loisir puissant». EuropaCity s'est porté candidat à l'accueil des réserves du Centre Pompidou et du lieu d'expositions qui ira avec. C'est à l'heure actuelle le seul partenaire potentiel dont le nom a été rendu public.