
Les moustiques, y compris le tigre, en recrudescence ces deux dernières années, ont pourri votre été? Ce n'est pas une fatalité, même pour les plus écolos d'entre vous, opposés aux répulsifs et autres insecticides 100% chimiques. Déjà parce que des gestes de prévention simples, comme l'élimination des eaux stagnantes – des lieux de ponte pour les moustiques –, sont recommandés par les spécialistes de ces insectes, comme l'établissement public interdépartemental pour la démoustication du littoral atlantique (EID). Ensuite parce qu'il est possible de limiter leur prolifération de manière naturelle en favorisant la nidification de certains insectivores, leurs prédateurs.
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Dans ce but, et sur les bons conseils de la Ligue de protection des oiseaux (LPO), plusieurs municipalités hexagonales ont décidé ces dernières années d'installer des nichoirs afin de recréer des «couloirs de biodiversité» en ville. C'est le cas d'Orléans, qui en 2015, a réparti dans ses quartiers une soixantaine de nichoirs à petits passereaux pour limiter l'usage des produits phytosanitaires contre les insectes dits «nuisibles»; de Grenoble, dont les services municipaux doivent installer cette année 600 nichoirs, notamment pour les mésanges, afin d'atténuer les ravages de la pyrale du buis et de la chenille processionnaire du pin; ou de Blagnac, en Haute-Garonne, qui, dans le cadre de sa bataille contre le moustique tigre, compte attirer les chauves-souris grâce à une trentaine de gîtes.
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Insectivores voraces
Dernière en date, la commune de Bègles, en Gironde, a, elle, disséminé cet été une centaine de nichoirs pour les hirondelles, mais aussi pour les chiroptères, y compris «sur la façade sud-est de la mairie», a précisé l'édile écologiste Clément Rossignol-Puech au journal 20 minutes. L'intérêt de cette expérimentation est double: d'abord contrer la multiplication des moustiques dans les années à venir, mais surtout permettre à des espèces affligées par les activités humaines de souffler un bon coup, voire aider leurs populations à se régénérer. «Ces nichoirs sont une bonne clé d'entrée pédagogique, estime à ce sujet Magali Contrasty, salariée de la délégation territoriale Aquitaine de la LPO. Cela permet de reconsidérer cette biodiversité de proximité qui nous procure des bienfaits pour la préserver [contraire à la loi sur la protection de la nature en vigueur depuis 1976, ndlr].»
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Or, ces petits oiseaux migrateurs diurnes sont des insectivores très voraces, comme les chauves-souris communes, elles aussi en très fort déclin, capables de manger plusieurs milliers d'insectes en une seule journée, y compris les moustiques à la base de leur alimentation. «Le fait de se reposer sur les hirondelles, c'est adopter une autre solution que le tout chimique, poursuit l'ornithologue Grégoire Loïs, de Vigie-Nature. Cela veut aussi dire que l'on fait moins d'assèchement des zones humides et puis, c'est aussi offrir des sites de nidification à ces oiseaux migrateurs.» Les particuliers peuvent également contribuer à cette vaste entreprise d'écologie citoyenne. Mais avant de proposer le gîte et le couvert à ces insectivores – cela prend parfois plusieurs années –, il est conseillé de se rapprocher d'une association experte comme la LPO afin de suivre ses recommandations en matière de cohabitation. Et ainsi, faire des hirondelles, chauves-souris et autres bêtes à plumes des auxiliaires de notre bien-être.