Comme certaines écoles de communes rurales, la capitale perd des élèves dans l’enseignement primaire : 3 000 enfants en moins lors de cette seule rentrée, et 19 000 en moins pour la période 2010-2020, anticipe le recteur de l’Académie de Paris. Mais à la différence de nombreuses collectivités d’Auvergne, du Limousin ou de Bourgogne, la capitale ne se situe pas dans un territoire à la démographie déclinante. La population d’Ile-de-France ne cesse en effet d’augmenter : 11 millions d’habitants en 2000 et 12,2 millions en 2018.
Mais la hausse incessante des loyers chasse du centre de la région, c’est-à-dire de Paris, les familles qui ne parviennent plus à suivre cette inflation immobilière. Le moindre appartement familial comportant deux chambres se loue entre 1 800 et 2 500 euros. Et pour un logement avec trois chambres, il faut compter de 2 500 à 3 500 euros selon les quartiers. Dès lors, pas étonnant que des ménages avec des enfants jettent l’éponge et choisissent d’aller habiter en banlieue, pour trouver à se loger à des prix plus accessibles et éviter que le poste habitat ne vampirise jusqu’à la moitié du revenu de la famille.
Conscient de la dérive des loyers à Paris et dans d’autres capitales régionales, le gouvernement de Jean-Marc Ayrault avait fait adopter en 2014 la loi Alur, prévoyant la mise en place d’un encadrement des loyers et dont l’objectif n’était pas de bloquer les tarifs des locations, mais de limiter les abus les plus flagrants pour éviter que d’excès en excès la dérive ne devienne la norme. Mais les lobbys de l’immobilier, qui ont intérêt aux loyers chers, se sont déchaînés contre ce texte défendu par la ministre du Logement de l’époque, Cécile Duflot. Jamais un texte n’a été autant caricaturé, à coups de présentations fallacieuses et de sondages biaisés.
Mis en œuvre à Paris et Lille, l’encadrement a finalement été invalidé par la justice administrative saisie par l’Unpi (une association de propriétaires) ainsi que par la Fnaim et l’Unis (deux syndicats professionnels). Depuis, les loyers connaissent une nouvelle flambée dans la capitale. Dans le projet de loi Elan, l’encadrement a de surcroît été revu à la baisse, sous la pression des milieux de l’immobilier. Mais les écoles qui se dépeuplent à Paris révèlent que la politique du logement est une affaire trop sérieuse pour être à la remorque des désirs des lobbys de l’immobilier, qui défendent leurs intérêts bien compris au détriment de l’intérêt général.