Le beau temps qui règne sur la cité balnéaire de La Baule ferait presque croire au parti Les Républicains que le soleil ne brille que pour eux alors que les nuages s’amoncellent sur la tête du président de la République et de son gouvernement. Près de 500 personnes ont participé, samedi, à l’université d’été organisée par les fédérations LR des pays de Loire.
Un rendez-vous local mais qui, en 2016, avait connu une portée nationale avec la présence de tous les candidats à la primaire de la droite. En 2017, quelques mois seulement après la double défaite de la droite, les militants LR de l'ouest avaient un peu boudé ce rendez-vous. «Près de 500 personnes alors que nous sommes dans une année où il n'y a pas d'échéances électorales et pas d'enjeux majeurs, ce n'est pas si mal», se félicite Franck Louvrier, l'ancien conseiller en communication de Nicolas Sarkozy à l'Elysée. «C'est aussi le signe que le parti va mieux», veut croire le conseiller régional.
Laurent Wauquiez, qui a fait sa rentrée politique il y a une semaine lors de sa traditionnelle ascension du mont Mézenc, n'a pas jugé nécessaire de faire le déplacement sur les bords de l'Atlantique pour prendre le pouls de ses troupes. De même qu'il n'assistera pas non plus le week-end prochain au «campus» du Touquet, l'autre grand rendez-vous de rentrée organisé par sa formation. «Il a tort. La présence du chef galvanise toujours les militants qui y sont très sensibles. Et puis c'est pour lui, une manière d'occuper le terrain dans les médias nationaux mais surtout locaux et ça c'est très important», pointe du doigt un responsable local.
L’électorat de droite lassé de Macron ?
Christian Jacob, le patron du groupe LR à l'Assemblée nationale et les eurodéputés Brice Hortefeux et Nadine Morano ont fait le déplacement. Ainsi que le président du groupe sénatorial LR, le vendéen Bruno Retailleau, ancien président de la région, venu jouer le local de l'étape. «Laurent Wauquiez a réussi à remettre la machine sur les rails, constate Christian Jacob. La reconstruction est bien entamée. Nous nous sommes donnés jusqu'à la fin de l'année pour rédiger notre projet européen et cela ne va pas donner lieu à un affrontement entre nous comme certains veulent le faire croire. Et puis surtout toute une partie de notre électorat qui avait trouvé au moment de la présidentielle qu'Emmanuel Macron apportait de bonnes réponses, en est aujourd'hui bien revenue et nos sympathisants retrouvent le chemin de LR. Ils se détournent de Macron.»
«Macron ne fait pas la politique que la droite aurait soi-disant rêvé de faire. Moi je n'ai jamais rêvé de ponctionner les retraités en augmentant la CSG, de surtaxer les carburants ou de casser la politique familiale. Aujourd'hui nous sommes à nouveau audibles et les Français supportent de moins en moins les coups de com de Macron», n'a pas manqué de souligner le président du groupe LR au Palais-Bourbon. «A partir de l'année prochaine va s'ouvrir un nouveau cycle avec une élection par an jusqu'en 2022 et il faut que nous soyons présents», a rappelé de son côté Brice Hortefeux qui, aujourd'hui, est un des proches conseillers de Laurent Wauquiez. Tout en mettant en garde contre ceux qui seraient tentés de fissurer l'unité du parti derrière son nouveau chef. «Attention à ce que le championnat des décibels ne finisse par engluer l'opposition tout entière», a mis en garde ce très proche de Nicolas Sarkozy.
Edouard Philippe, «le petit raboteur»
«Ici ce n'est pas la rentrée d'un courant ou d'une chapelle. Et j'ai toujours considéré que Laurent Wauquiez était notre chef légitime», a insisté de son côté Bruno Retailleau, ancien directeur de campagne de François Fillon, pour qui «cette rentrée ne ressemble en rien à celle que nous avons connue il y a un an. Aujourd'hui c'est Macron qui amène du grain à moudre à notre moulin» ainsi que son Premier ministre, Edouard Philippe, surnommé «le petit raboteur».
LR surfe aujourd’hui sur les difficultés éprouvées par le gouvernement et son absence de résultats au plan économique, sur la démission de Hulot, sur les atermoiements de l’équipe gouvernementale à propos du prélèvement à la source et les annonces du locataire de Matignon sur la non revalorisation des pensions de retraite sur la hausse du pouvoir d’achat. Les retraités ont toujours été une des clientèles privilégiées de la droite.
«Aujourd'hui, c'est sûr, nous sommes redevenus audibles. Il nous reste encore à redevenir crédible», a poursuivi Bruno Retailleau qui milite pour que LR se dote «d'un projet politique de civilisation». Mais pour retrouver cette crédibilité en jouant «l'opposition positive», comme l'a qualifiée Brice Hortefeux, la partie n'est pas forcément gagnée d'avance. Loin de là.