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Libération
Éditorial

Confort

publié le 4 septembre 2018 à 21h16

Bérézina évitée. Plus cohérent avec sa ligne réformatrice que ces derniers jours, Emmanuel Macron a finalement décidé de se jeter à l'eau : le prélèvement à la source entrera bien en vigueur le 1er janvier 2019. La réforme n'a rien de fondamental - sur un rythme différent, les contribuables paieront rigoureusement la même chose - mais un nouveau report de cette opération préparée de longue main par les services de Bercy aurait laissé l'image d'un gouvernement pusillanime, voué non au changement allègre mais à la procrastination électorale. Juste décision, donc, qui dispensera les assujettis de mettre laborieusement de l'argent de côté pour acquitter l'impôt par tranches et à retardement. Tout différent, en revanche, est le message envoyé par ce remaniement de confort, qui augure mal de l'audace écologique réclamée par Nicolas Hulot. Comment interpréter autrement le concert de louanges émis par tout ce que la France compte d'écolo-sceptiques envers le «pragmatisme» de François de Rugy.

Exit Hulot-la-mauvaise-conscience, prophète importun de la rupture écologique, toujours insatisfait des mesures prises et surtout de celles qui sont reportées aux calendes grecques. Voici Rugy le peu rugissant, transfuge d'EE-LV, rallié à la macronie pro-business, qui promet de «tenir compte des contraintes économiques» et de défendre «une écologie positive», ce qui laisse entendre, derrière les hommages officiels, que l'activisme de son prédécesseur était au bout du compte négatif. Détail qui ne trompe pas : les chasseurs, après avoir tiré Hulot comme un lapin, se fendent d'un communiqué tout miel pour saluer Rugy. Certes les contraintes économiques sont réelles, mais le vrai réalisme, dès lors que l'urgence climatique s'impose, consiste-t-il à en faire plus pour la planète, ou bien à en faire moins ?