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Autocritique

Collomb appelle l'exécutif à l'«humilité», Macron croit à l'«écoute»

Le chef de l'Etat a évoqué des «interrogations et des doutes légitimes», peu après que le ministre de l'Intérieur a reconnu que le gouvernement n'a pas été assez modeste.
Gérard Collomb, aujourd'hui, à Paris. (Photo Albert Facelly pour Libération)
publié le 6 septembre 2018 à 17h35

La macronie traverse décidément une curieuse période. Interrogé jeudi sur les récentes mésaventures de la majorité, le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, s'est livré à un inhabituel examen de conscience, regrettant que l'exécutif ait «peut-être manqué d'humilité». L'impopularité du chef de l'Etat «demande interrogation de notre part», a jugé le numéro 2 du gouvernement sur BFMTV, appelant à «plus d'écoute des Français» de la part de l'exécutif.

«On peut commettre des erreurs»

«J'étais dans le temps professeur de grec, a poursuivi l'ex-maire de Lyon. En grec, il y a un mot qui s'appelle "hubris", c'est la malédiction des dieux. Quand, à un moment donné, vous devenez trop sûr de vous, vous pensez que vous allez tout emporter.» Et d'appeler les ministres à «garder leurs racines, de manière à pouvoir entendre ce que disent les gens, parce que vite, dans les palais de la République, on perd la capacité de lien et d'écoute avec la population». Cet avertissement intervient dans une période délicate pour le gouvernement, entre affaire Benalla, croissance ralentie, démissions des ministres Nicolas Hulot et Laura Flessel et popularité au plus bas pour Emmanuel Macron.

«Ecouter, ce n'est pas céder à l'esprit du temps», a réagi ce dernier, en déplacement au Luxembourg ce jeudi. «On doit toujours écouter, mais je ne suis pas sûr que cela explique des sondages que je me suis toujours refusé à commenter», a-t-il répondu, interrogé par Libération. «Parfois, quand ça n'a pas été fait, on peut commettre des erreurs. Mais les interrogations et les doutes légitimes ne doivent en rien entraver mon mandat», a-t-il poursuivi. Défendant des «décisions difficiles dont les pleins effets, par exemple avec la réforme des retraites, se verront dans cinq ou dix ans».

«Action réfléchie»

Le chef de l'Etat a aussi saisi l'occasion pour justifier sa remise en question du prélèvement à la source de l'impôt sur le revenu. L'exécutif a confirmé l'entrée en vigueur du dispositif au 1er janvier, mais y a apporté quelques retouches après qu'Emmanuel Macron a publiquement questionné sa préparation. «Je crois à l'écoute et au doute sain, c'est ce que j'ai voulu faire s'agissant du prélèvement à la source, a-t-il expliqué jeudi. Entre la réforme et qui ne s'arrête pas et l'inaction, il y a de la place pour l'action réfléchie […] On a pu corriger des dispositifs qui étaient mal faits. Nous aurions eu [sinon] trois millions de Français qui allaient perdre de l'argent dans les premiers mois de l'année. Il n'y en aura pas.»