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Libération
Récit

Jean-Vincent Placé condamné à trois mois de prison avec sursis

L'ex-poids lourd d'EE-LV, éphémère secrétaire d'Etat sous Hollande, avait pété les plombs dans un bar du centre de Paris.
Jean-Vincent Placé, à Paris, le 3 juin 2016. (Photo Christophe Petit Tesson. AFP)
publié le 10 septembre 2018 à 18h16

L'ivresse du pouvoir n'étant pas un délit en tant que tel, c'est donc pour simple ébriété sur la voie publique que Jean-Vincent Placé a été condamné lundi par le tribunal correctionnel de Paris. En avril dernier, un an après avoir quitté le gouvernement, il s'y croyait encore, lançant aux policiers tendant de tempérer ses ardeurs au sein d'un bar de nuit : «Espèces de tocards, vous ne savez pas qui je suis !» Ancien pilier de l'écologie politique en tandem avec Cécile Duflot, patron du groupe EE-LV au Sénat (du temps ou la gauche au pouvoir avait la bienveillance de leur concéder des sièges parlementaires) avant d'obtenir un strapontin gouvernemental dans la dernière ligne droite du mandat de François Hollande, Placé se croyait manifestement encore aux manettes. A l'issue d'une soirée arrosée, il s'en était pris verbalement à une jeune femme, triplant la cuistrerie par des propos violents, machos et racistes. «Il s'est pointé comme un roi, avec un melon pas possible, sans dire bonjour, ni merci ni merde», selon un témoin interrogé par Libération.

La scène démarre quand l'ex-secrétaire d'Etat à la Réforme de l'Etat et à la Simplification, accompagné d'un sénateur centriste, demande, en toute simplicité, à une jeune femme de danser avec eux contre rémunération. C'est une étudiante en droit qui réplique par un refus outragé suivi d'une tentative clé de bras du dignitaire écolo. Le portier du bar de nuit entre en scène, tentant de calmer les esprits, se voyant ainsi désigné par le dignitaire écolo : «On n'est pas au Maghreb, je vais te descendre en Afrique, Ryanair fait des promotions.» Puis, toujours éructant : «Le prix de ma chemise, ça fait un RSA complet pour ta famille.» Jean-Vincent Placé a nié avoir prononcé ces phrases «abjectes», se disant lui-même victime de la virilité du portier. Sauf qu'un flic de la BAC traînait également ce soir-là à l'intérieur du bar de nuit, prévenant illico des collègues, lesquels se verront qualifiés dans la foulée de «bâtards».

«Trouble grave à l'ordre public», avait résumé le parquet à l'audience en juillet, «s'agissant de racisme et de violence faite aux femmes». Jean-Vincent Placé n'avait pu que se couvrir la tête de cendres, confessant avoir trop bu : «Je suis honteux de m'être retrouvé dans cette situation.» La peine finalement prononcée est symbolique : trois mois avec sursis, sans inscription à son casier judiciaire. Placé, désormais interdit d'entrée dans certains hauts lieux de la nuit parisienne, s'était ainsi défendu dans Paris Match : «Une chose est de boire trop, une autre d'être pris pour un pervers ou un raciste.» Mais l'alcool a parfois bon dos.