Haro sur les vieux ? Pas tout à fait, mais tout de même… On entend l'argument du gouvernement : quand on prend en compte leur pension, le fait qu'ils ont accumulé (pas tous, mais en moyenne) un patrimoine et qu'ils n'ont plus d'enfant à charge, le niveau de vie moyen des retraités est un peu supérieur à celui des actifs. Du coup on les met à contribution. La hausse de la CSG et la fin de l'indexation des pensions sur l'inflation rabotent leur revenu. En échange, la somme algébrique des mesures de pouvoir d'achat prises par le gouvernement Philippe procurera aux actifs un supplément de pouvoir d'achat. Les vieux doivent aider les jeunes : tel est le mot d'ordre. Mais c'est faire bon marché de situations moins roses qu'il y paraît. Pour les petites retraites, une amputation de quelques centaines d'euros par an pèse lourd. Rappelons que le montant moyen des pensions pour les quelque 16 millions de retraités en France s'élève à environ 1 300 euros mensuels. Difficile d'y voir «un pognon de dingue» et de classer les aînés, comme le suggère le discours gouvernemental, dans la catégorie des privilégiés… D'autant qu'ils ont, après tout, cotisé toute leur vie pour des montants considérables, ce qui leur ouvre un droit légitime à compter sur une vieillesse décente. Et nombre d'entre eux feront remarquer qu'ils aident déjà leurs enfants ou leurs petits-enfants et goûtent mal qu'on leur fasse la leçon sur ce chapitre. C'est le problème de toutes ces réformes que la classe dirigeante réclame à son de trompe : ce sont en fait des sacrifices, qu'on impose cette fois aux aînés. On dira que ces efforts sont de toute nécessité, en s'appuyant sur la situation difficile des finances publiques. Mais si cette situation est si mauvaise, pourquoi a-t-on dans la hâte réduit la fiscalité des plus aisés ? Les efforts ne sont pas pour tout le monde. On y revient toujours…
Dans la même rubrique