Selon le World Nuclear Industry Report Status 2018, présenté mardi à Paris par son coordinateur, le consultant indépendant Mycle Schneider, l'atome décline un peu partout dans le monde… sauf en France où 71,6 % de l'électricité produite était d'origine nucléaire l'an dernier. En 2017, l'électricité d'origine solaire a connu un bond de 35 % et celle produite par les éoliennes a augmenté de 17 %. Exagération de la part d'un expert proche des milieux antinucléaires ? «Je constate que l'Agence internationale de l'énergie nucléaire (AIEA) voit la même chose que nous : l'électricité nucléaire n'est plus compétitive face aux renouvelables et les capacités de production vont chuter considérablement», tacle Schneider. Dans son étude annuelle publiée lundi, l'AIEA prévoit en effet une chute de plus de 10 % du parc mondial de réacteurs d'ici à 2030. Et la part du nucléaire dans le mix énergétique mondial pourrait carrément tomber à 2,8 % en 2050 contre 5,7 % aujourd'hui… De fait, la capacité installée des énergies renouvelables est désormais largement supérieure à celle du nucléaire. Quelque 300 milliards de dollars (259 milliards d'euros), dont 126 milliards pour la Chine, ont été investis dans les énergies nouvelles à travers le monde en 2017, contre seulement 10 milliards dans le développement de nouveaux réacteurs. «Il est clair que les renouvelables sont les énergies de l'avenir et que le nucléaire est celle du passé […], assène Jens Althoff, le directeur de la Fondation Heinrich Böll à Paris, organisme proche des Verts allemands et qui est l'un des sponsors du rapport. Plus personne ne met d'argent dans l'atome sans soutien de l'Etat, la loi du marché dit que le nucléaire est mort et la France est en train de devenir une exception en Europe et dans le monde.»
En arrêtant le nucléaire, le rapport montre par ailleurs que les Allemands n'ont pas utilisé plus de charbon : entre 2010 et 2017, la production d'électricité nucléaire a chuté de 64 TWh, celle des renouvelables a fait un bond de 113 TWh et celle des fossiles a reculé de 28 TWh. «Les Allemands ne sont pas des romantiques, ils ont pris une décision politique très pragmatique», dit Gérard Magnin, ancien administrateur dissident d'EDF. Mycle Schneider veut aussi croire qu'avec un coût du nucléaire dépassant les 70 euros le MWh, quand celui du solaire tombe à 50 euros, EDF devra se rendre à l'évidence : «L'atome n'est plus compétitif et ne le sera plus jamais. Qui achètera leur électricité demain en Europe ?»