Les dépenses contre la pauvreté recouvrent plusieurs périmètres. Selon la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), le périmètre restreint regroupant les minima sociaux, les mécanismes fiscaux contre la pauvreté et les prestations ciblées comptent pour 40 milliards d’euros. Si on ajoute les allocations logement et prestations familiales versées aux ménages pauvres, on atteint 57 milliards.
En dix ans, l’ensemble du montant des dépenses de lutte contre la pauvreté est passé de 42,4 milliards à 57 milliards d’euros, mais si on ramène cette somme au produit intérieur brut, l’augmentation est plus mesurée : de 2,3 % en 2006 à 2,56 % en 2016.
Si on se concentre uniquement sur les minima sociaux, on s’aperçoit que ce sont le RSA et l’Allocation aux adultes handicapés qui ont le plus augmenté. Le revenu minimum d’insertion et l’allocation de parent isolé fusionnent en RSA en 2009. Son augmentation est due à la revalorisation de 10% sur cinq ans décidée en 2013 et au nombre croissant de bénéficiaires. Le volume consacré au minimum vieillesse stagne car le nombre de bénéficiaires est en baisse en raison du recul de l’âge de départ à la retraite.
Le taux de risque de pauvreté est la part des personnes ayant un revenu inférieur au seuil de 60% du revenu médian national. Après transferts sociaux, il est stable à 17,3 % en Europe. Si l’on compare l’Allemagne et la France, on voit que le seuil de pauvreté est inférieur en France, mais qu’il y a en 2016 plus de gens en situation de privation matérielle sévère en France. Le taux de privation matérielle sévère indique l’incapacité à couvrir au moins quatre dépenses parmi neuf (loyer, chauffage, imprévus, consommation de viande, vacances, téléviseur, réfrigérateur, voiture, téléphone).
En Europe, le risque de pauvreté serait forcément plus élevé s’il n’y avait pas de prestations sociales. Eurostat mesure le risque de pauvreté effectif (en rouge sur le graphique) et un risque de pauvreté avant transferts sociaux qui permet de mesurer l’efficacité des politiques de redistribution. Certains pays divisent ainsi par deux le risque de pauvreté grâce aux prestations sociales (Irlande, Danemark, Finlande, Norvège…). Pour la France, le taux de pauvreté est de 13,6% au lieu de 23,9%.
Si l’on prend les prestations sociales au sens large, la France est le pays en Europe qui consacre la plus grande part de son PIB (32% soit environ 700 milliards d’euros). Ce graphique montre la répartition de ces prestations par type. La France consacre moins d’argent à la santé que la moyenne européenne mais plus que la moyenne sur l’exclusion sociale.
La taille des disques représente le montant des prestations sociales ramenées à un standard de pouvoir d’achat par habitant. L’intensité de la couleur montre le risque de pauvreté. Vues ainsi, les dépenses en France sont équivalentes à l’Allemagne, mais avec une meilleure efficacité puisque le taux de pauvreté y est inférieur. Ceux qui dépensent le moins comme la Bulgarie ou la Roumanie ont également les taux de pauvreté les plus élevés.