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Récit

Fête de l'Humanité: «Les insoumis ne voulaient pas venir et ils ont trouvé une excuse»

Lors du grand raout organisé par le Parti communiste à La Courneuve, l'absence officielle du mouvement de Jean-Luc Mélenchon s'est fait remarquer. Mais les responsables du PCF sont plus préoccupés par les européennes et le congrès à venir.
Conférence de presse avec Pierre Laurent, à la Fête de l'Huma, vendredi. (Photo Marc Chaumeil pour «Libération»)
publié le 14 septembre 2018 à 19h22

A l'entrée du parc de La Courneuve, un jeune homme se bousille la gorge. Il crie à plusieurs reprises: «On veut parler à un responsable politique!» Face à lui, des vigiles avec des numéros sur le dos. Ils ne bougent pas. Se chuchotent des trucs à l'oreille. Personne ne comprend pourquoi les portes de la fête de l'Humanité ne s'ouvrent pas. Les minutes filent et la foule gonfle. Un vigile entend un journaliste prononcer le nom de «Pierre Laurent». Il hausse les épaules. Il n'a pas l'air de connaître le chef de la famille communiste. Pas moyen de passer. Le préfet refuse d'ouvrir les portes pour des «raisons de sécurité». La fête a du mal à démarrer.

Une heure plus tard, on retrouve Pierre Laurent au stand Loire-Atlantique, pour le traditionnel déjeuner avec la presse. Il est accompagné du porte-parole du PCF, Olivier Dartigolles, et de la tête de liste pour les européennes, Ian Brossat.

Ils font le tour de l’actualité. Un sujet agace: la polémique avec La France insoumise (LFI) – une routine ces dernières années. Cette fois, la bande à Jean-Luc Mélenchon sèche la Fête de l’Huma. Dans un communiqué, ils pointent le comportement de Ian Brossat. En désaccord sur les questions migratoires, le communiste et les insoumis se chamaillent sur les réseaux sociaux.

«On avance»

A table, le candidat à l'élection européenne lâche avec un petit sourire: «L'absence de la France insoumise est une triste nouvelle, c'est dommage.» Près de lui, un communiste souffle: «Ils ne voulaient pas venir et ils ont trouvé une excuse.» De son côté, Pierre Laurent devient tout rouge. Il s'agace: «La Fête de l'Huma est une fête populaire, il y a des milliers de gens, de militants, d'artistes, des débats…» Comprendre: tant pis pour les absents. La veille, il a tout de même passé un petit coup de fil au député LFI Adrien Quatennens, afin de calmer la polémique et tenter d'arranger les choses. En vain.

Du coup, les communistes préfèrent aborder les européennes. Ian Brossat, qui tiendra quatre meetings dans les allées ce week-end, est déjà en campagne. Sa photo est affichée en grand dans plusieurs stands. «On avance», dit-il. Et les alliances? «On annoncera notre liste en octobre. Mais nous ne sommes pas fermés aux discussions.» On imagine mal le PCF tomber dans les bras de La France insoumise. Par contre, tout est possible avec le mouvement de Benoît Hamon, Génération.s.

Une rencontre est prévue après la Fête de l’Huma. Un autre sujet occupe les esprits: le congrès qui se déroulera en novembre. La direction actuelle menée par Pierre Laurent est dans le dur.

Un candidat en 2022?

En interne, la concurrence est féroce. Si le texte proposé par la députée Elsa Faucillon – qui milite pour un rapprochement avec LFI –, a peu de chance de briller, celui du chef des députés, André Chassaigne, a la cote. Posé, dans le stand du Nord, le député Fabien Roussel, qui roule avec Chassaigne, se présente: «73 kilos, 49 ans, 13 de tension, je suis en pleine forme.» Beaucoup l'imaginent comme le prochain secrétaire national du PCF. Il ne ferme aucune porte. Ne donne aucun coup, tout en soulignant les difficultés de ces dernières années. Il dit: «On débat mais nous sommes tous des camarades, à la fin, comme toujours notre famille sera unie.»

Fabien Roussel sirote sa bière. Il est persuadé que la gauche a besoin d'un PCF «fort» et que la lutte contre «le monde financier» doit être menée. Il regrette l'absence de son parti lors de la dernière présidentielle. Selon lui, lors du prochain congrès, il faudra affirmer la volonté de présenter un candidat en 2022. Et lorsqu'on lui rétorque que c'est un peu trop tôt, il répond du tac au tac: «Vous pensez que Wauquiez, Le Pen et compagnie ont ces pudeurs? Nous ne devons pas avoir peur de dire les choses. Sinon, on va passer notre temps à tenter de construire des unions et à la fin on va se retrouver tout seul parce que personne ne voudra de nous.» En fin de journée, Guillaume Meurice était au stand de l'Agora et en direct sur France Inter. Il a multiplié les blagues. Dont: «La Fête de l'Huma c'est le Eurodisney des cocos.» Pas mieux.