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Religion

Islam de France : les préfets bientôt au rapport

Destinées à alimenter la réflexion du gouvernement, les assises territoriales de l'islam de France s'achèvent ce samedi.
Des musulmans fêtent la fin du ramadan à Saint-Denis (La Réunion), le 16 juin. (Photo Richard Bouhet. AFP)
publié le 14 septembre 2018 à 13h05

Devoirs de rentrée pour les préfets. Sur demande du ministère de l’Intérieur, ils ont organisé ces dernières semaines dans chaque département les assises territoriales de l’islam de France, des travaux qui s’achèvent ce samedi 15 septembre.

L'objectif affiché est de faire remonter du terrain les problématiques et les propositions qui alimenteront les projets du gouvernement sur l'islam de France. «C'est une très bonne initiative, une façon de remettre les pieds sur terre. C'est au niveau des départements que les choses se passent réellement», estime le recteur de la Grande Mosquée de Lyon, Kamel Kabtane. Dans le Rhône, ces assises ont eu lieu le 13 septembre et ont rassemblé une centaine de personnes.

«C'est très contrasté selon les départements», estime un responsable musulman qui a participé à plusieurs réunions. Ainsi dans un département du sud-ouest de la France, une seule mosquée a répondu à l'invitation du préfet. En Ille-et-Vilaine, une vingtaine de personnes ont assisté aux assises organisées le 3 septembre.

Carrés musulmans

Selon la circulaire officielle du ministère de l’Intérieur, diffusée fin juin, trois sujets devaient être abordés en priorité : la gouvernance de l’islam de France, le financement du culte et la formation des imams. D’après les éléments qui commencent à remonter des travaux menés dans les départements, d’autres problématiques plus ancrées dans la vie quotidienne ont surgi. Le dossier non encore résolu des carrés musulmans dans les cimetières a particulièrement retenu l’attention.

Dans les deux semaines à venir, les préfets doivent faire remonter des notes de synthèse, récapitulant les réflexions et les propositions émanant de ces assises. Pour l’heure, le flou demeure sur la tenue ou non d’assises nationales, un projet qui aurait été évoqué fin juin, lorsque le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, chargé des cultes, a reçu les représentants du Conseil français du culte musulman (CFCM).

Gros débat sur la taxe halal

L'initiative du ministère suscite néanmoins des critiques. «C'est une façon de légitimer le projet déjà ficelé du gouvernement», déclare Marwan Muhammad, ex-porte-parole du Comité contre l'islamophobie en France, figure montante (et controversée) au sein de l'islam de France. Ce dernier a lancé lui-même, en mai dernier, une consultation auprès des milieux musulmans à travers un questionnaire en ligne et une vaste tournée, au cours de l'été, dans les mosquées de France. La conclusion de la consultation devrait être remise le 30 septembre.

Dans l'entourage du ministre, on affirme fermement que rien n'est arrêté en ce qui concerne le projet du gouvernement. Quoi qu'il en soit, les annonces ne devraient pas intervenir avant la fin de l'année. L'un des principaux points en débat est l'instauration d'une taxe sur le halal, destinée à financer l'islam de France. Sur cette question, les avis divergent grandement.