Qu'on les chérisse ou qu'on les haïsse, qu'ils soient moqués ou admirés, les cheveux, c'est une sacrée affaire. Parce qu'ils contribuent à faire de nous ce que nous sommes, Libération leur consacre une chronique. Aujourd'hui, Albéric, lycéen de 16 ans.
«J’ai les cheveux afro de base, très crépus. Ma relation avec mes cheveux aujourd’hui n’est peut-être pas conflictuelle, mais elle est complexe.
«J'utilise les vêtements comme une forme d'art, pour dénoncer ou pour exprimer ce que je ressens. A la seconde ou à la minute où j'ai compris que mes cheveux pouvaient être également un outil, un moyen d'expression, je les ai tout de suite exploités. Mes cheveux me permettaient de retranscrire un mood, un état d'esprit. On a beaucoup cette idée de l'homme aux cheveux courts. C'est très beau, mais on ne peut pas changer de coiffure tous les jours. Les cheveux longs, c'est plus versatile, on peut plus jouer de son originalité, sortir du lot.
«Mes cheveux naturels sont vraiment très courts. J’ai découvert les rajouts, les extensions. Avec ça, on peut gagner 30 cm, 40 cm en une journée. C’est vraiment incroyable le fait, du jour au lendemain, de passer de très court à très très long, c’est ça qui m’a plu. Au début, je me suis dit que j’allais garder une coupe de cheveux pour un mois, des fois ça durait un mois et demi. Un paquet de rajouts, ça doit coûter 5 euros, ce n’est pas cher du tout. Une journée + 5 euros, et ma tête était refaite. Mais je me suis un peu perdu dans toutes ces opportunités-là.
«Ça devenait des impulsions»
«A force de changer, j’ai perdu le but initial. Peu à peu, je ne cherchais plus à m’exprimer mais à surprendre les personnes autour de moi. Ma tête ne m’appartenait plus. Il y a eu un moment où je cherchais à plaire aux autres. Les gens autour de moi me donnaient beaucoup leur avis, un avis que je n’avais pas toujours demandé. Quand j’arrivais avec un nouvelle coiffure, j’avais beaucoup de "oh non, ça ne te va pas, tu devrais plutôt faire ça". Après de nombreuses déceptions (amoureuses et professionnelles), j’en venais à me poser des questions : "m’aimera-t-il comme ça ?", "suis-je beau comme ça ?" Et je me suis totalement perdu.
«La nuit, avant de me coucher, je réfléchissais à ma coiffure de la semaine suivante. Et je me suis dit "non Albéric, tu ne peux pas penser à ça avant de dormir, tu as d’autres soucis, tu as d’autres choses à faire dans la vie". Et il y avait aussi les heures que je passais à me tresser les cheveux. Ça devenait des impulsions. J’étais tellement impulsif que j’ai déjà commencé à 22 heures et fini à 4 heures du matin, et j’avais cours le lendemain. Je me suis dit, il va peut-être falloir doser un peu. J’essaye aujourd’hui de reprendre le contrôle et de m’imposer des limites. Il est important pour moi de me recentrer sur le principal, moi et mon art. Les cheveux, ce sera après.»
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