Le diagnostic était depuis longtemps posé et partagé, on connaît désormais le traitement censé sauver un système de santé au bord de l’asphyxie. Prévue avant l’été, la réforme présentée ce mardi par le chef de l’Etat est très attendue, par les personnels comme par leurs patients. Si la médication et la posologie précises seront détaillées par Agnès Buzyn, la philosophie générale des mesures s’articule autour d’un principe majeur : la mutualisation. La prophylaxie jupitérienne se décline comme autant de remèdes censés chacun s’attaquer à un pan du désastreux tableau de notre médecine. La fin du numerus clausus en 2020, partie émergée d’une refonte plus large des études médicales, marque la volonté de retenir dans le cursus des étudiants dont tous ne deviendront pas médecins mais alimenteront les cohortes manquantes des métiers paramédicaux. Plusieurs milliers d’assistants médicaux viendront par exemple délester les médecins de ville des tâches annexes au diagnostic. C’est d’ailleurs pour ces derniers, en particulier ceux exerçant dans la solitude de leur cabinet et appelés à se regrouper, que la rupture pourrait être la plus forte. Dans les territoires, c’est la logique - déjà à l’œuvre - du «regroupement hospitalier» qui devrait prévaloir. Un exercice délicat, dont le fonctionnement impose aux hôpitaux comme aux praticiens, spécialistes en tête, de fonctionner en réseau et d’inventer de nouvelles manières de travailler, décloisonnées et concertées. «Tous ensemble», on vous dit. Ambitieuse mais délicate équation, s’agissant à la fois de lutter contre les déserts médicaux, d’intégrer la technicité croissante de certaines spécialités sans sacrifier l’accueil des patients ni remettre en cause la sacro-sainte liberté d’installation des médecins… pour l’instant, menace l’Elysée à mots à peine couverts. Le dernier tabou ?
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