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Justice

Affaire Ramadan : après huit heures de confrontation, le statu quo

Tariq Ramadan et «Christelle», la deuxième femme qui l'accuse de viol, ont été entendus mardi au Palais de justice de Paris par les juges d'instruction.
Tariq Ramadan au Bourget, en 2015. (Photo Loïc Venance. AFP)
publié le 18 septembre 2018 à 21h44

Chacun a maintenu, sans surprise, sa version des faits. Pendant plus de huit heures, Tariq Ramadan et «Christelle», la deuxième femme à avoir porté plainte en octobre 2017 pour viol contre le théologien, se sont retrouvés, ce mardi, au Palais de justice de Paris, devant les trois juges d’instruction en charge du dossier.

«Cela a été une confrontation âpre, a précisé à Libération, l'avocat de Christelle, Me Eric Morain, à l'issue de cette audition. Toutes les questions qui se posent après onze mois d'enquêtes ont été évoquées.» Christelle accuse le théologien d'avoir abusé d'elle, le 9 octobre 2009, dans une chambre d'hôtel à Lyon. Ce que dément Tariq Ramadan, qui a seulement consenti un «jeu de séduction virtuel et sexuel» avec elle, qualifiant les accusations de «pure affabulation».

Une première confrontation avait eu lieu, le 1er février, lors de la garde à vue du théologien. A cette occasion, la plaignante avait mentionné l'existence d'une cicatrice à l'aine du théologien, accréditant l'existence de relations intimes entre eux. «Sa version des faits est invraisemblable, soutient, pour sa part, Me Emmanuel Marsigny, l'avocat de Tariq Ramadan. Ce qu'elle dit n'est corroboré par rien.»

Pour le moment, le théologien maintient que Christelle a pu avoir connaissance de l'existence de sa cicatrice par des contacts qu'elle a eus avec certaines de ses anciennes maîtresses. «Monsieur voit des ennemis partout, tacle Me Morain. Ma cliente lui a dit qu'elle n'était pas son ennemie mais sa victime, exprimant la douleur qu'elle traîne depuis dix ans.»

L'avocat du théologien a d'ores et déjà annoncé qu'il allait déposer, dès mercredi matin, une demande de remise en liberté de son client. Mis en examen pour deux affaires de viols (l'autre concerne l'ex-salafiste Henda Ayari), Tariq Ramadan a été placé en détention provisoire depuis sept mois. Souffrant d'une sclérose en plaques, il est actuellement incarcéré à l'hôpital pénitentiaire de Fresnes (Val-de-Marne). «Rien ne justifiait déjà le placement en détention provisoire, estime Me Marsigny. Après cette confrontation, c'est encore moins légitime.»