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Au Sénat : «Benalla est un gros malin qui nous a pris pour des benêts»

Affaire Benalladossier
Déambulations dans les couloirs du palais du Luxembourg, avant et après l'audition d'Alexandre Benalla.
Alexandre Benalla au Sénat, mercredi matin. (Photo Albert Facelly pour Libération)
publié le 19 septembre 2018 à 12h49

Les abords de la salle Clemenceau du Sénat, où Alexandre Benalla était attendu ce mercredi, avaient, avant son arrivée, des allures de zone mixte de stade de foot. Les très nombreux journalistes présents tentant d'attraper au vol un parlementaire en direction de la salle d'audition. Peu se sont arrêtés, pas même le président de la commission d'enquête Philippe Bas. Il y a eu le sénateur du Nord, Eric Bocquet (PC), venu en «curieux», le député LFI Ugo Bernalicis, membre de la commission des lois à l'Assemblée, mais «resté sur sa faim», puisque Benalla n'a pas été entendu au Palais-Bourbon.

Un homme en costume, cravate rouge, a traversé le couloir. «Une question monsieur le sénateur : ressentez-vous la pression ?» Rapport au boycott de l'audition du jour par les trois sénateurs de la majorité membre de la commission d'enquête et au récent coup de fil de Macron au président du Sénat, Gérard Larcher, pour en appeler au respect de la séparation des pouvoirs. Réponse de notre élu : «J'ai l'air sous pression ? Je suis inoxydable !» Un autre est arrivé, même demande, même réponse : «C'est vous qui avez la pression, pas moi». Encore un, sourire forcé : «La pression est plutôt du côté de l'exécutif.»

Au tour du co-rapporteur de la commission, le socialiste Jean-Pierre Sueur, plus prolixe, c'est lui qui devait mener, quelques minutes plus tard, une grande partie de l'interrogatoire de Benalla : «Cette audition va se dérouler dans le calme et la sérénité. Nous faisons ce travail pour trouver la vérité et, si nous pointons des dysfonctionnements, faire des propositions.» Voilà pour les éléments de langage.

8h45

Celui que tout le monde attendait est arrivé, entouré d'une bonne équipe, costume, lunettes, serein, prêt. Aucun stop. Un journaliste a demandé en vain : «Monsieur Benalla, avez-vous le sentiment d'avoir à un moment subi une forme d'ivresse du pouvoir ?»

L'audition a duré un peu plus de deux heures et demie, les médias attendant la sortie de Benalla au même endroit qu'au premier passage n'ont rien eu d'autre à se mettre sous la dent tout ce temps-là que le président du groupe LREM au Sénat, François Patriat. L'homme a passé quelques longues minutes à faire le tour des caméras pour dire tout le mal qu'il pensait de l'audition du jour, cette «opération de communication» du Sénat : «Il y a une volonté de surmédiatiser l'affaire Benalla pour atteindre directement le chef de l'Etat» a martelé cet ancien socialiste fidèle d'Emmanuel Macron.

11h35

Benalla est sorti. Même cirque qu'à son arrivée. «Monsieur Benalla est-ce que vous avez tout dit ? Est-ce que vous êtes content ? Est-ce que vous allez changer de salle de sport ?» Philippe Bas est passé ensuite, lui aussi en silence. Puis le sénateur de Paris (LR) Pierre Charon : «Benalla ne m'a pas convaincu parce que c'est un gros malin qui nous a pris pour des benêts. Mais nous ne sommes pas des benêts.» Rachid Temal, sénateur PS : «Benalla était très bien préparé pour répondre aux questions. Mais il a fait beaucoup de contradictions.» Et un dernier pour la route. Marc-Philippe Daubresse (LR) a-t-il été convaincu par Alexandre Benalla ? «Je répondrai à une chaîne de télé à 13h30.»