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Libération
Récit

Gifle à un collégien : 270 000 signataires en soutien du chauffeur de bus

Le conducteur employé par la RATP reçoit un soutien massif après avoir giflé un collégien la semaine dernière à Arcueil
Un bus de la RATP le 17 janvier 2010, à Paris. (Photo Loïc Venance. AFP)
par Lysiane Larbani
publié le 19 septembre 2018 à 19h39

Il y a des gifles qui provoquent l'indignation et la colère. Depuis une semaine, celle donnée par un chauffeur de bus de la RATP à un collégien suscite une vague d'indulgence et de compréhension.

Le 13 septembre à la sortie du collège Dulcie-September à Arcueil (Val-de-Marne), un adolescent de 12 ans traverse la rue au moment où un bus de la ligne 323 de la RATP arrive, obligeant le chauffeur à freiner brusquement. Ce dernier demande au collégien de faire attention. «Ferme ta gueule et conduis ton bus», aurait alors lancé le jeune, faisant perdre son sang-froid au conducteur qui est descendu du bus pour le gifler. Le geste filmé par d'autres collégiens et diffusé sur Snapchat a rapidement tourné sur les réseaux sociaux et a été vu plus d'un million de fois sur Internet.

Selon le Parisien, la mère du collégien a déposé plainte contre X pour violence n'ayant entraîné aucune incapacité de travail. L'adolescent aurait expliqué aux policiers avoir traversé la rue en courant pour attraper son bus, s'être fait klaxonner et avoir entendu un «ta gueule» adressé par le chauffeur de bus.

Ras-le-bol

Le chauffeur doit passer prochainement devant un conseil de discipline, selon la RATP, qui condamne ce geste «contraire aux principes et aux valeurs d'une entreprise de service public». Elle n'a toutefois pas souhaité préciser la sanction qu'il encourt. Ce dernier n'est toujours pas retourné travailler, vraisemblablement dépassé par la médiatisation de son geste.

Différentes personnalités politiques de droite se sont logiquement emparées du débat. «Je comprends le ras-le-bol d'un certain nombre de nos concitoyens», a exprimé Brice Hortefeux (LR) sur LCI. «J'espère l'indulgence du conseil de discipline pour le chauffeur de bus d'Arcueil», a tweeté la présidente LR de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse. «Il aurait dû lui en mettre deux», a lancé, provocateur, le sénateur RN Stéphane Ravier sur France Bleu Provence. Lundi, au micro de Jean-Jacques Bourdin sur RMC, la ministre des Transports Elisabeth Borne a rappelé : «Ce n'est pas normal de gifler un jeune.» Sans pour autant exiger de sanction.

Le week-end dernier, une personne se présentant comme un employé de la RATP a publié une pétition en soutien à son collègue «reconnu pour sa gentillesse, son calme olympien et sa patience», écrit-il sur le site Mesopinions. Ce mercredi, près de 270 000 signatures avaient été collectées.

«Pénible»

Les jets de pierre et les insultes seraient le quotidien des chauffeurs de la ligne 323, qui circule au sud de la capitale. Une ligne «qui craint particulièrement» explique Kamel (1) également chauffeur de bus sur la ligne 323. Au centre bus de Malakoff, qui regroupe plus d'un millier de chauffeurs, l'heure est à la solidarité. «On soutient notre collègue à 100 %. On rencontre ce type d'incivilités tous les jours, surtout de la part des collégiens, quand ils sortent des cours et qu'ils sont en groupe», ajoute Kamel. L'homme évoque des provocations venant des adolescents. «C'est vraiment de pire en pire, et à la longue, c'est très pénible», insiste Eric (2) à la RATP depuis vingt ans. Sur la ligne 323, comme sur d'autres, les incivilités sont devenues légion, au point que les chauffeurs assurent ne plus faire remonter les actes de violence auxquels ils sont confrontés, sauf lorsque, par exemple, des vitres sont brisées et que les assurances sont en jeu.

(1) et (2) Les prénoms ont été changés.