Les députés LR ont tenu jeudi et vendredi leurs journées parlementaires. Damien Abad, élu de l'Ain, a expliqué à Libé les enjeux du rendez-vous et revient sur la sortie de Laurent Wauquiez, qui a jugé que l'autocrate hongrois Viktor Orbán «a toute sa place au Parti populaire européen».
Est-ce suffisant comme discours d’opposition de dire que Macron est le président des villes ?
On a vu Macron tantôt président des riches, tantôt président des pauvres, mais jamais des classes moyennes. Nous avons vu Macron tantôt président de la mondialisation heureuse tantôt des métropoles, mais jamais des territoires. Nous nous opposons à une vision désincarnée de la France imposée par la technostructure aux mains d’une haute administration. Nous souhaitons en revenir à une administration du pays qui parte de la réalité des territoires pour mieux répondre aux enjeux de la vie quotidienne des Français.
Près d’un an après son élection à la tête de LR, Laurent Wauquiez est-il parvenu à recréer l’unité ?
Le rassemblement est un long chemin. Lors de notre dernier conseil national consacré au projet européen, Laurent Wauquiez a envoyé un nombre de signaux à même de fédérer l’ensemble des sensibilités de notre famille. Encore faut-il que tous veuillent de ce rassemblement. Nous sommes encore en voie de reconstruction après le traumatisme sans précédent pour la droite française de la double défaite de 2017. Le sujet important pour nous est comment la droite va parvenir à parler et à se faire entendre des classes populaires, moyennes et des ouvriers. Avec un vrai discours social, nous devons nous adresser à la France des milieux de cordée.
Sur l’Europe, pensez-vous, comme Wauquiez, que le Hongrois Viktor Orbán ne doit pas être exclu du PPE, le grand parti des droites européennes ?
Nous devons assumer notre ADN européen et être en capacité de dire qu’il faut changer d’Europe si nous voulons qu’elle soit acceptée par les peuples, faire comprendre qu’elle est là pour les protéger leurs intérêts. Entre ceux qui prônent plus de fédéralisme, comme Macron, et ceux qui veulent un Frexit, il y a une place pour une droite patriote et européenne. Sur Orbán, je respecte le choix démocratique des Hongrois qui repose sur des peurs liées à la question migratoire. On ne peut nier cette réalité-là. Je dis aussi que je n’apprécie pas que M. Orbán défie le Parlement et les institutions européennes en venant expliquer que l’UE serait à l’origine de tous les maux. Le vrai danger pour l’Europe, ce n’est pas Orbán, mais le match que tente d’imposer Macron en faisant croire qu’il y aurait lui d’un côté et de l’autre Orbán et Salvini. Il nous conduit tout droit à la dislocation de l’UE.