Un vent mauvais tourbillonne autour d'Emmanuel Macron, dont la popularité chute au fil des semaines, accompagnant le mouvement d'une croissance régulièrement revue à la baisse. L'OCDE ne table plus que sur 1,6 % pour 2018, et moins d'un Français sur trois (29 % au baromètre Ifop pour le JDD) approuve désormais l'action du chef de l'Etat. Un score qui se rapproche dangereusement de celui du 1er tour de la présidentielle, signe que la confiance ne lui reste acquise que dans le cercle des fidèles. L'addition salée de l'été Benalla et de la rentrée Hulot, et la preuve que malgré les plans pauvreté et santé, l'exécutif peine à rassurer, plus encore à convaincre. L'annonce du budget 2019, ce lundi, ne devrait pas inverser la tendance. Cherchant à renouer à la fois avec la croissance et la confiance, l'exercice doit résoudre la classique et subtile combinatoire d'une équation budgétaire qui veut d'un côté soutenir l'investissement, réduire la dépense publique pour en maîtriser le déficit, et doit «en même temps» respecter les engagements du candidat Macron. L'an I du quinquennat a largement coché la case «président des riches» - flat tax, réforme de l'ISF, allégement de la fiscalité des entreprises. Les attentes se cristallisent aujourd'hui sur le pouvoir d'achat, auquel le thermomètre de l'opinion est le plus sensible. Alors même que d'autres mesures draconiennes restent à venir - la suppression d'un nombre important de postes de fonctionnaires par exemple -, le chef de l'Etat demande à ceux qui subissent le plus durement ce régime, retraités en tête, d'être patients. Hausse de la CSG, désindexation des pensions et prestations sociales… la promesse de voir ces efforts finalement compensés (la suppression de la taxe d'habitation et les heures sup défiscalisées y aideront) n'est pas sans risque. Celui qu'à l'heure des comptes, Jupiter en personne soit sonné.
Éditorial
Addition salée
publié le 23 septembre 2018 à 20h46
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