Plus d’un an après la disparition de Maëlys de Araujo, 9 ans, lors d’un mariage à Pont-de-Beauvoisin, les trois juges d’instruction au pôle criminel du tribunal de Grenoble organisent une reconstitution. Elle se tiendra dans la nuit de lundi à mardi afin de reproduire les conditions initiales. L’objectif de cet acte d’instruction est de confronter les déclarations du suspect, Nordhal Lelandais, aux différents éléments matériels du dossier, c’est-à-dire de comprendre comment il a pu faire différents allers-retours depuis la salle du mariage jusqu’à son domicile, en mesurer le timing, vérifier la compatibilité avec les horaires ou encore la géographie des lieux.
Après des mois de dénégations, l'ancien maître-chien de 35 ans avait avoué, mi-février, avoir tué la fillette «involontairement». Il avait raconté que, ce soir-là, elle est montée dans sa voiture puis a paniqué au cours du trajet. Il lui aurait alors administré une «gifle», certainement violente puisque l'enfant a alors perdu connaissance, selon ses dires. Nordahl Lelandais avait précisé aux magistrats avoir alors constaté qu'elle était morte. «Il l'a d'abord déposée à proximité de sa maison à Domessin et est retourné au mariage. Puis il a récupéré le corps, l'a mis dans son coffre et l'a déposé dans un endroit reculé dans la montagne», avait détaillé le procureur Jean-Yves Coquillat lors d'une conférence de presse. C'est là, sur les hauteurs de Saint-Franc, en Savoie, que les enquêteurs avaient retrouvé des ossements et vêtements appartenant à Maëlys.
«Nordahl n’était pas tout seul»
Nordahl Lelandais, mis en examen pour l'enlèvement et le meurtre de la fillette, a, en outre, reconnu son implication dans la mort du caporal Arthur Noyer, disparu en avril 2017. La justice le soupçonne aussi d'avoir agressé sexuellement sa petite-cousine de 6 ans, une semaine avant la disparition de Maëlys. C'est d'ailleurs dans le cadre de cette dernière affaire qu'il a été longuement interrogé vendredi par les magistrats instructeurs. De son côté, son frère Sven a déclaré dans une interview au Parisien, parue ce lundi matin : «Nordahl, je ne le vois pas commettre l'irréparable volontairement. Je le sens incapable de faire du mal gratuitement. Ce n'est pas Nordahl. Il y a dû avoir un problème. Je ne sais pas ce qui s'est passé, mais Nordahl a pété un câble. A un moment, il y a le diable qui est passé.» Celui qui va régulièrement lui rendre visite en prison se dit persuadé qu'il «n'était pas tout seul», contrairement à ce qu'a pu établir l'enquête jusqu'à présent.
Ce lundi soir, les magistrats, greffiers, gendarmes et avocats se rendront donc en compagnie du suspect sur les lieux du rapt de Maëlys, puis ceux du meurtre et de l’enfouissement du corps dans la forêt. Reste à savoir si Nordahl Lelandais acceptera ou non de collaborer.