Les voilà rassurés. Le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, chargé des cultes, a reçu à déjeuner ce mardi midi les principaux responsables du Conseil français du culte musulman (CFCM) et ses anciens présidents. «L'accueil a été exquis et l'ambiance conviviale», a commenté, à la sortie, Me Chems-Eddine Hafiz, représentant de la Grande Mosquée de Paris (GMP). L'existence du CFCM, instance actuellement très décriée, «n'est pas remise en cause», selon un autre participant. «L'objectif est de l'ouvrir plus largement. Mais comment ? C'est la question, précise Me Hafiz. Le CFCM a vocation à gérer le culte musulman, pas à représenter tous les musulmans. Ce n'est l'équivalent du Crif [le Conseil représentatif des institutions juives de France, ndlr].»
L’heure des grandes manœuvres
Depuis le printemps, une réflexion globale est engagée pour réformer l'organisation de l'islam de France, une demande formulée, dès juin 2017, par le président de la République. A la table du ministre de l'Intérieur, un état des lieux a été fait, et notamment un bilan des Assises territoriales de l'islam de France, organisées cet été par chaque préfecture. Mais pour l'heure, «rien n'est encore décidé en ce qui concerne les contours de la nouvelle organisation du culte musulman», souligne Anouar Kbibech, vice-président du CFCM.
De fait, le gouvernement prend son temps, afin de poursuivre ses consultations. Aucune annonce d'envergure ne devrait intervenir avant début 2019. Place Beauvau, les responsables musulmans ont cependant entendu les priorités des pouvoirs publics. «Il y a une grande exigence de transparence financière», remarque Anouar Kbibech. Cela concerne particulièrement les associations locales qui gèrent les mosquées.
Dans l’islam de France, c’est, de fait, l’heure des grandes manœuvres. Marwan Muhammad, l’ex porte-parole du Comité contre l’islamophobie en France et figure influente parmi les jeunes générations, devrait très prochainement rendre publiques les conclusions de la consultation qu’il a menée sur Internet puis lors d’une tournée dans les mosquées de France.
De son côté, le CFCM a annoncé lundi l’organisation d’un congrès des musulmans de France dans la deuxième quinzaine de novembre, à Paris. Il s’agit de solidifier son rôle et de poser les bases pour élargir sa représentativité.