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Libération
Le portrait

Yves de Locht, haut secours

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Humain et sensible, ce généraliste belge pratique l’euthanasie et voit nombre de Français recourir à ses derniers soins, interdits dans l’Hexagone.
(Photo Ludovic Carème)
publié le 25 septembre 2018 à 17h06

Pourquoi l’euthanasie est-elle en France un tabou dont on ne vient jamais à bout, un gage de rien que les politiques froissent et rempochent sans se sentir morveux ? Pourquoi, quand les Pays-Bas, le Luxembourg, la Belgique ont légalisé ce droit à mourir, et que la Suisse propose un suicide assisté, refuse-t-on ce choix aux patients incurables ? Alors qu’il s’agit seulement, lorsque l’inéluctable a déjà paraphé toutes les pages, de décider jusqu’où on souhaite aller.

Pour démêler enjeux et blocages hexagonaux, il faudrait infiltrer les lobbys pharmaceutiques, prendre le pouls des religions, soupeser les ego de ces médecins mandarins qui brandissent la loi Claeys-Leonetti. Laquelle ne s'adresse qu'aux patients à l'agonie. Outre Quiévrain, le docteur Yves de Locht, Bruxellois de 72 ans, prodigue ce qu'il nomme «le dernier soin». Dans un livre témoignage, il dépeint, avec humilité et sensibilité, son expérience de tailleur de maux et les angoisses qui, avant cet acte ultime, rognent ses nuits et lui rongent l'estomac.

L'homme n'a rien d'un donneur de leçons. Il est juste las. Avec un «s»… Il est temps que l'on meure moins mal au pays de Molière. S'il ne consulte plus que quatre matinées par semaine, s'il ne décroche plus quand il voit un + 33 s'afficher à l'écran, les demandes lui reviennent en boomerang.Clo Pierret, une Française, militante de l'Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) et ex-secrétaire de direction, l'aide en filtrant les requêt