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Collectivités

«Notre pays meurt à petit feu de son ultra centralisation»

Les trois grandes organisations d'élus (régions, départements, communes) ont lancé mercredi soir un «appel pour la défense des libertés locales», à la veille de la venue du Premier ministre au congrès des régions.
Edouard Philippe au Congrès des régions ce jeudi matin, à Marseille. (Photo Patrick Gherdoussi pour Libération)
publié le 27 septembre 2018 à 6h20

Sans doute la meilleure des défenses est-elle l'attaque. Sans même attendre la venue du Premier ministre, jeudi matin, au congrès de régions de France qui se tient à Marseille, les élus territoriaux ont voulu frapper un bon coup, en lançant un «appel pour la défense des libertés locales», qu'ils appellent «l'appel de Marseille», et qu'ils portent avec une nouvelle association, les Territoires unis. «La République des territoires n'a toujours pas été tentée en France», dit le texte, qui n'y va pas avec le dos de la cuillère : «Notre pays meurt à petit feu de son ultra centralisation. Nous ne pouvons plus accepter le mépris de plus en frappant d'une technocratie.»

Hervé Morin, président (centriste) de la région Normandie et de l'Association des régions de France, était aux côtés, chose rare, de ses deux homologues Dominique Bussereau, président (ex-LR) de l'Assemblée des départements de France, et François Baroin, président (LR) de l'Assemblée des maires de France : «Un exploit réalisé par le gouvernement et le président de la République», selon le mot d'André Viola, président (PS) du département de l'Aude.

Hervé Morin a confirmé : «On a tout fait pour nous diviser mais nous sommes unis. Et aujourd'hui, nous sommes des militants de la décentralisation.» «Nous étions tellement pleins de bienveillance quand le chef de l'Etat a été élu, soupire-t-il. Mais depuis plusieurs mois, je constate que nos collectivités sont attaquées…» Le retour de la verticalité lui fait supposer que le Président a du mal à gérer «en même temps un calendrier international» et «les préoccupations lilliputiennes» des territoires.

Pour François Baroin, cet «appel correspond à un sentiment partagé par tous, quelle que soit notre appartenance politique». Le sentiment, en l'occurrence, «d'un certain populisme d'Etat». Il prédit : «Quel que soit le pouvoir, nous serons liés ensemble car nous agissons pour l'efficacité du coin de la rue.» La preuve, tous ont suivi Dominique Bussereau en juillet pour quitter, comme lui, la Conférence nationale des territoires. «Les communes ne sont pas des succursales de l'Etat», a-t-il tonné en dénonçant «des préfets d'une autre époque». «Le problème, résume-t-il, est celui d'une haute administration qui n'a jamais accepté la décentralisation.»

En somme, le combat continue.