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LREM

A Lyon, «l’hypothèse Caroline Collomb est détestée»

Dans la ville, les grandes ambitions politiques de la référente LREM du Rhône et épouse de Gérard Collomb ne font pas l’unanimité.
Gérard et Caroline Collomb, attendent les résultats du premier tour des élections municipales à Lyon le 9 mars 2008. (Photo Jean-Philippe Ksiazek. AFP)
par Maïté Darnault, correspondante à Lyon
publié le 8 octobre 2018 à 20h26

Caroline Collomb va-t-elle à nouveau démissionner pour servir, cette fois, ses ambitions lyonnaises ? En 2017, la jeune magistrate avait quitté ses fonctions au tribunal administratif de Toulon pour être nommée à Paris au titre du «rapprochement familial» quand son mari s'était installé Place Beauvau. Certains dans la profession s'étaient alors émus de cette «mutation de confort». L'opposition lyonnaise, elle, avait dénoncé de possibles «conflits d'intérêts». Début 2018, le Conseil d'Etat avait tranché en sa faveur tout en lui demandant de faire preuve «d'un surcroît de vigilance et de discrétion» en raison de l'activité de son mari. Sa nomination dans la foulée au poste de référente de La République en marche (LREM) dans le Rhône avait provoqué de nouveaux remous : de Lyon et Paris, où se situait la vraie carrière de Caroline Collomb ?

Maintenant que son mari n'est plus ministre, ses opposants lui prêtent toutes les envies politiques : les européennes en 2019, une mairie d'arrondissement ou carrément la tête de liste pour la ville de Lyon ou la métropole en 2020. Le tout en formant un «ticket» inédit avec son mari. «Gérard Collomb sait que c'est une folie qu'elle soit seule en lice : les Lyonnais ne voteront jamais pour une femme inconnue», tacle l'ancien président de région (PS) Jean-Jack Queyranne. «L'hypothèse Caroline Collomb est détestable et détestée même chez les très proches», assure de son côté le maire PS de Villeurbanne, Jean-Paul Bret. Machiavel au féminin pour certains, jeune femme timide qui rougit rapidement pour les autres, Caroline Collomb peine encore à s'affranchir de l'aura de son mari, qu'elle a rencontré pour les besoins d'un mémoire de sciences politiques avant de l'épouser. Ils ont plus de trente ans d'écart et deux petites filles.

Encartée au PS à 18 ans avant d'être secrétaire de section dans le 5e arrondissement de Lyon de 2014 à 2017, Caroline Collomb est membre des Poissons roses, une mouvance chrétienne à la marge du parti. Elle fait partie des soutiens macronistes de la première heure. Parmi les marcheurs, l'épouse de l'ancien et futur maire de Lyon ne fait l'unanimité ni chez les parlementaires ni chez les militants. Fin septembre, lors du meeting de rentrée du mouvement à Villeurbanne, la référente n'a pas marqué beaucoup de points : salle à moitié pleine, zéro discours, pas de conférence de presse. Sa voix n'a résonné qu'à la fin d'un clip retraçant l'année écoulée pour dire : «On est en marche, tournés vers l'avenir.» Un peu léger pour qui a des «ambitions démesurées» selon certains socialistes.

Interrogée par Libération sur le procès en népotisme fait au clan Collomb, Marlène Schiappa, venue épauler Gérard Collomb ce jour-là, avait joué la bonne copine. «J'ai été référente départementale, je sais ce que c'est, il n'y a aucune gratification, c'est beaucoup de travail bénévole, c'est vous qui prenez les coups, c'est plus de l'abnégation qu'autre chose, expliquait la secrétaire d'Etat. Caroline Collomb a l'autorité nécessaire, c'est une grande médiatrice.» Ce qui risque de lui servir à l'avenir.