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Manifestation

Mobilisation interprofessionnelle : les syndicats veulent «prendre date»

La CGT, FO et Solidaires appellent, ce mardi, à manifester pour protester contre la politique de «casse sociale» du gouvernement. La CFDT, elle, a décliné l'invitation, mais n'exclue pas de se mobiliser à l'avenir sur le dossier des retraites.
Pour la première fois, CGT et FO avaient appelés à une manifestation conjointe, le 28 juin 2018. Ici, à Paris. (Photo Stéphane de Sakutin. AFP)
publié le 8 octobre 2018 à 17h41

L'heure est aux retrouvailles. En juin dernier, elles avaient battu le pavé lors d'une manifestation restée modeste. Mardi, les centrales syndicales FO et la CGT, accompagnées de Solidaires et des organisations de jeunesse (FIDL, Unef et UNL) vont, à nouveau, manifester ensemble, «à la conquête d'un autre avenir». A Paris, le défilé parisien partira à 14 heures de Montparnasse vers la place d'Italie. D'autres manifestations sont prévues dans plusieurs villes françaises. Le but de cette mobilisation interprofessionnelle : «Exprimer le refus de cette politique détruisant brique par brique notre modèle social», expliquent les centrales. Elles dénoncent la hausse des inégalités, et notamment la stagnation des salaires, des pensions de retraite et des minima sociaux, alors que «les dividendes versés aux actionnaires, multipliés par 5 en 30 ans, flambent». Parmi les manifestants qui devraient répondre à l'appel, des retraités dénonçant la faible revalorisation de leurs pensions ou encore des cheminots.

«Profondément inégalitaire»

Dans leur communiqué commun, les centrales listent leurs «revendications» : une augmentation des salaires, des pensions et des minima sociaux «pour gagner du pouvoir d'achat» ou encore «le droit à la retraite à taux plein pour tous les salariés, dès l'âge de 60 ans et en deçà pour les travaux pénibles». Pas de quoi convaincre la CFDT qui a décliné l'invitation à manifester. «Le boulot d'une organisation syndicale n'est pas d'être pro ou antigouvernement, c'est de proposer des solutions concrètes pour les salariés», a expliqué, lundi matin sur BFM, Laurent Berger, le secrétaire général du syndicat. Avant de se montrer un brin plus menaçant, pour l'avenir : «Si on touche à la retraite à 62 ans, la CFDT sera mobilisée.»

Reporté à 2019, le dossier des retraites fera l'objet d'une rencontre multilatérale mercredi, au lendemain de la mobilisation, pour faire le bilan de la concertation en cours. Il pourrait compliquer les relations – déjà bien refroidies – entre le gouvernement et les syndicats. Ces derniers dénoncent un manque de transparence de l'exécutif sur son projet de système universel par points. Cela va «changer le système social français», a prévenu samedi le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, inquiet d'une réforme «profondément inégalitaire». D'aucuns, côté syndical, y voient aussi un dossier capable de fédérer la colère sociale et de faire descendre plus de monde dans la rue.

Déchanté

Cet été, les relations entre les syndicats et l’exécutif s’étaient pourtant un brin réchauffées lorsque le président de la République avait invité les partenaires sociaux à l’Elysée. Pas vraiment convaincus par les promesses d’Emmanuel Macron qui leur promettait de leur redonner une place plus importante, les syndicats ont vite déchanté. L’annonce, il y a deux semaines, de la feuille de route gouvernementale venant cadrer leur négociation portant sur les règles de l’assurance chômage – autre dossier chaud de la rentrée –, les obligeant à réaliser plus de trois milliards d’économie, n’a pas arrangé les choses.

Pascal Pavageau, de FO, dénonce «un chef de l'Etat qui refuse de travailler avec les contrepoids». Même discours de Philippe Martinez, le numéro un de la CGT, ce week-end, sur France Inter : «C'est le principe de monsieur Macron, on a le droit de discuter du moment qu'on arrive à l'objectif que lui s'est fixé, c'est pas du dialogue ça.» Pour le cégétiste, «le gouvernement, et surtout le Président de la République, oppose toujours les catégories entre elles : les retraités sont des privilégiés parce que soi-disant ils seraient payés à rien faire, les chômeurs seraient des feignants». A l'inverse, les syndicats font donc le pari de les faire se rejoindre, ce mardi, dans la rue, autour d'une même colère. «Nous prenons date et nous avançons», résume Pascal Pavageau.