Dans les gradins du Groupama stadium, près de Lyon, les supporteurs entonnent la Marseillaise. Il est presque 10h30 mardi quand des coups de feu retentissent dans le stade de l'Olympique lyonnais. Cinq hommes portant des tuniques jaunes surgissent des portes latérales, armes automatiques au poing. Mais elles sont chargées à blanc : cette attaque n'est qu'une le début d'un scénario, celui imaginé pour illustrer le schéma national d'intervention. Adopté en avril 2016, ce plan est destiné à améliorer la réponse à la menace terroriste, notamment la coordination entre forces de l'ordre et secours. A Lyon, l'exercice grandeur nature vise aussi à démontrer la capacité française à gérer des attentats.
En tout, 260 policiers et gendarmes, dont 14 faux terroristes, 154 personnels de la sécurité civile et près de 300 figurants – des élèves pompiers et policiers – se sont prêtés à cette reconstitution inédite sous les yeux d'une cinquantaine de délégations étrangères installées dans les tribunes officielles. L'assaut final s'est fait loin des objectifs des caméras – afin que certaines techniques restent confidentielles – mais l'arrivée des commandos du GIGN en hélicoptère a été présentée comme l'occasion de faire de «belles» images.
Tempête
L'opération de communication a été rondement menée. «Plus que vendre notre savoir-faire, nous sommes là pour faire profiter d'autres pays de l'expérience de la dramatique soirée de 2015», considère le général Laurent Phélip, à la tête du GIGN, en référence aux attentats du 13 Novembre à Paris. «Ce genre de cas, une tuerie de masse, est très compliqué car les terroristes ont une longueur d'avance et la nouveauté pour nous, c'est de permettre aux secours de travailler avant que la situation ne soit stabilisée et résolue», ajoute ce spécialiste.
Après avoir balayé les gradins de leurs tirs, les assaillants progressent entre les sièges, faisant mine d’abattre à bout portant les spectateurs qui bougent encore. Les policiers déjà sur place répliquent : un terroriste est à terre. Quelques minutes plus tard, les balles sifflent à nouveau. Dans l’enceinte, les renforts arrivent : la BRI, le Raid et le GIGN. Les coursives sont sécurisées par les hommes en uniforme qui évacuent les supporters indemnes au pas de charge et placent les blessés sur des civières, avant de passer le relais aux pompiers.
Cette fausse attaque s’est déroulée dans le cadre d’un sommet des ministres de l’Intérieur des six plus grands pays européens, le G6. En pleine tempête du remaniement, le programme distribué n’a pas eu le temps d’être mis à jour, portant toujours la mention d’un certain Gérard Collomb, ministre d’Etat côté français. Le trombinoscope de la rencontre comporte lui une case blanche pour le portrait réservé au représentant français. Un léger flottement sur le papier que s’est appliqué à faire oublier Edouard Philippe, Premier ministre assurant l’intérim à Beauvau, en inaugurant l’événement lundi soir aux côtés de ses éphémères homologues. Mardi, en attendant le verdict présidentiel sur la future équipe gouvernementale, c’est la ministre déléguée de l’Intérieur, Jacqueline Gourault, qui officiait, accueillant ses homologues avec Jean-Michel Aulas, le président de l’OL. Comme si de rien n'était.