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Libération

De Facebook aux dentistes, vos questions, nos réponses.

Depuis un an, Libération met à disposition de ses lecteurs un site, CheckNews, où les internautes sont invités à poser leurs questions à une équipe de journalistes. Notre promesse : «Vous demandez, nous vérifions.» A ce jour, notre équipe a déjà répondu à plus de 2 000 questions.
publié le 12 octobre 2018 à 19h06

Le fil Facebook se limite-t-il aux publications de 25 amis ?

Le nouvel algorithme de Facebook limite-t-il à 25 le nombre de vos «amis» dont vous pouvez voir les publications ? C'est le propos d'un post qui circule largement sur le réseau social. On y lit que pour échapper à cette fatalité, «un moyen : partager ce message sur son mur et espérer que vos amis le commentent, pour réapparaître dans votre fil d'actualité». Ce message est apparu sur Facebook, en France comme aux Etats-Unis, en décembre 2017, au moment où le réseau social a effectivement modifié son algorithme. Depuis, l'entreprise a été interrogée par le Washington Post et a assuré qu'il n'en était rien : «Si nous avons bien fait quelques mises à jour qui pourraient augmenter le nombre de publications d'amis que vous voyez, votre fil d'actualité ne se limite pas à 25 d'entre eux.» Un membre de l'équipe CheckNews permet de le confirmer : nanti de 241 amis, il ne poste jamais rien et ne commente pas plus. Pourtant, il a suffi de faire défiler une quarantaine de posts pour compter une trentaine de contacts différents. Pour autant, il est vrai qu'interagir avec ses amis permet d'apparaître plus facilement dans leur fil. Adam Mosseri, à l'époque responsable Facebook du fil d'actualité, l'avait d'ailleurs expliqué en janvier 2018 sur son blog : «Aujourd'hui, nous utilisons des indicateurs tels que les réactions, les commentaires ou les partages pour déterminer qui apparaît dans votre fil d'actualité.» Robin Andraca

Est-ce que l’ONU va remettre en cause l’interdiction de la burqa en France ?

Mercredi, le quotidien la Croix a révélé que le comité des droits de l'homme de l'ONU s'apprête à condamner la France pour la loi de 2010 sur l'interdiction du voile intégral (prohibant le port du niqab comme de la burqa). «Selon plusieurs sources que la Croix a pu consulter, cette instance d'experts, juristes internationalement reconnus, devrait rendre en ce mois d'octobre 2018 des «constatations» dont il ressort que la loi de 2010 porte atteinte à la liberté religieuse et crée une discrimination», écrit le journal. Le comité a en effet confirmé à CheckNews qu'une communication sur le sujet serait publiée à la fin du mois, sans en donner la teneur.

Quelle serait la conséquence d'une telle condamnation ? Le comité vise à s'assurer du respect, par les 172 «Etats parties», du Pacte international relatif aux droits civils et politiques entré en vigueur en 1976. En plus des rapports périodiques s'assurant que les pays respectent leurs engagements, le comité peut être saisi de plaintes individuelles (ce qui a été le cas en France pour la burqa). A la fin du mois, c'est une communication sur une plainte individuelle qui devrait être publiée. L'article 2, paragraphe 3 du pacte dispose que l'Etat partie s'engage à «garantir que toute personne dont les droits et libertés reconnus dans le présent pacte auront été violés disposera d'un recours utile». Dans une précédente décision du comité, sur le licenciement d'une femme voilée par la crèche Baby Loup, il précisait, à propos de ses communications : «Cela signifie qu'il doit accorder une réparation complète aux personnes dont les droits reconnus par le pacte ont été violés.» Mais aucune sanction n'est prévue si un Etat partie ne respecte pas le pacte. Au moment de la communication sur Baby Loup, jugeant que ce licenciement était une atteinte à la liberté de religion et donc une discrimination, les juristes se sont divisés pour savoir si cette décision serait suivie d'effets. Pour l'instant, ce n'est pas le cas. En 2013 également, le comité avait condamné la France, qui exigeait qu'un sikh retire son turban pour une photo d'identité. La sanction du comité n'avait pas été suivie d'effets. Pauline Moullot

Pourquoi les dentistes, dans les pubs pour les dentifrices, n’ont jamais leur cabinet en France ?

C'est une constante : quand un dentiste intervient dans une pub pour vanter une brosse à dents ou un dentifrice, il est spécifié qu'il est basé à l'étranger. Une récente pub pour Oral B met ainsi en scène un certain docteur Larmoyer, praticien français basé à Londres. Détail amusant : une autre dentiste française travaille dans le même cabinet et on la retrouve, elle, dans une pub d'une autre marque (Sensodyne). Au sein du cabinet, on explique : «L'ordre des dentistes interdit à un praticien exerçant en France de faire de la pub. Un dentiste, s'il veut apparaître dans des spots, doit donc exercer à l'étranger et ne pas être inscrit à l'ordre français.» L'article R4127-215 du code de la santé (qu'on retrouve dans le code de déontologie dentaire) précise que «la profession dentaire ne doit pas être pratiquée comme un commerce». L'article R4127-225 ajoute que «le chirurgien‐dentiste doit éviter dans ses écrits, propos ou conférences toute atteinte à l'honneur de la profession ou de ses membres. Sont également interdites toute publicité, toute réclame personnelle ou intéressant un tiers ou une firme quelconque». Cédric Mathiot

Est-ce que les étés seront de plus en plus chauds et les hivers de plus  en plus froids ?

Pour trouver des projections sur les évolutions du climat en France, il faut se pencher sur le rapport de 2014 du climatologue Jean Jouzel intitulé «le Climat de la France au XXIe siècle», qui prédit les scénarios probables. Il faut s'attendre à des étés plus chauds et… des hivers plus doux (et non plus froids). Ainsi, pour l'hiver, le rapport Jouzel prévoit «une diminution des jours anormalement froids à partir des prochaines décennies». En cas de hausse globale moyenne de 1,5° C, Jouzel précise que la température moyenne des nuits les plus froides «s'élèveront de 3° C». Dès 2009-2011, le projet de recherche Scampei prévoyait une diminution du taux d'enneigement des Alpes. Ce qui ne signifie pas forcément une baisse des précipitations hivernales. Pour la fin du siècle, «un renforcement du taux de précipitations extrêmes» est même attendu, selon certains modèles. Les prévisions estivales sont plus inquiétantes : la fréquence des épisodes de chaleur extrêmes devrait augmenter.L'évolution des pluies est encore soumise à de fortes incertitudes, mais la chaleur amènera une importante sécheresse des sols par évaporation. Olivier Monod

Est-ce que le Danemark a vraiment arrêté d’accueillir des réfugiés ?

De nombreux internautes, parmi lesquels Marine Le Pen, se sont réjouis du titre d'un article de BFM assurant : «Le Danemark n'accueillera plus aucun réfugié en 2018». S'il est indéniable que le Danemark a, depuis 2015, considérablement durci sa politique migratoire, ce titre est faux. En fait, le pays a simplement annoncé, le 4 octobre, qu'il n'accueillerait aucun réfugié au titre des quotas en 2018, «afin de favoriser l'intégration de ceux nouvellement installés», précise la ministre de l'Immigration, Inger Stojberg (photo ci-contre) dans un communiqué

Ces «quotas» correspondent aux réfugiés, majoritairement syriens, que le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) répartit dans plusieurs pays, notamment occidentaux. En 2017, selon le HCR, 25 556 dossiers ont été déposés dans 22 pays de l'Union européenne dans le cadre de ce processus de «réinstallation».

Le Danemark refuse, depuis deux ans, cette réinstallation. Mais cela ne veut pas dire que le pays n'accueille aucun réfugié, par le canal «habituel» de la demande d'asile. Contacté par CheckNews, le ministère de l'Immigration et de l'Intégration précise d'ailleurs : «Le Danemark a accepté des réfugiés en 2018, et continuera de le faire. La décision de ne pas réinstaller des réfugiés [entrés via des mécanismes internationaux] au Danemark en 2018 n'a pas d'incidence sur le nombre de demandeurs d'asile et ceux qui sont acceptés comme réfugiés.» En 2017, le pays a ainsi enregistré 3 500 demandes d'asile et a octroyé la protection à 2 750 personnes.

Pour autant, s'il est donc faux de dire que le Danemark n'accueille plus personne au titre de l'asile, il est vrai que les chiffres ont beaucoup baissé depuis trois ans (11 000 réfugiés avaient été accueillis en 2015). Depuis 2015, le nouveau gouvernement a beaucoup durci les conditions d'accueil, diminuant les allocations aux réfugiées et se laissant la possibilité de saisir les biens de valeurs des demandeurs d'asile. Le Danemark a même fait la publicité de ce tour de vis dans une campagne dans la presse libanaise, pour décourager la venue de potentiels demandeurs d'asile. Fabien Leboucq