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Libération
Humour de droite

Remaniement : devant les patrons, Griveaux choisit d'en rire

Lors d'une séance d'échanges avec les patrons de Paris et de l'Est parisien, le porte-parole du gouvernement a évoqué mercredi soir le flottement gouvernemental avec humour.
Benjamin Griveaux à l'Elysée, le 10 octobre. (Photo Eric Feferberg. AFP)
publié le 12 octobre 2018 à 12h21

Drôle d’ambiance au Medef. Dans le petit amphithéâtre de l’avenue Bosquet mercredi soir, quelque 250 patrons franciliens se pressent pour discuter avec l’invité du jour, Benjamin Griveaux. Premier à démarrer le cycle d'«échanges» lancé par les organisations patronales d’Ile-de-France et les futurs candidats à la mairie de Paris, le porte-parole du gouvernement savoure l’honneur. D'autant qu'au même moment un de ses rivaux, Gaspard Gantzer, réunit pour la première fois ses troupes de l'autre côté de Paris, rive droite, dans la salle de l’Elysée Montmartre.

En plein chamboule-tout gouvernemental qui perdure depuis près de deux semaines au sommet de l'Etat, la rencontre patrons-Griveaux va prendre une tournure quelque peu surréaliste. «Nous savons que vous avez un agenda chargé et nous vous remercions d'être là», commence le président du Medef Paris, Jean-Louis Schilansky. «Un agenda chargé et incertain…», renchérit le porte-parole. «Mais comme la semaine prochaine risque de ne pas être plus calme…», reprend Schilansky à nouveau coupé par le secrétaire d'Etat qui achève sa phrase, installant les sourires sur les visages : «ou alors elle le sera de manière inattendue…»

Aparté écolo

L'entrée en matière détend l'atmosphère. «Le Président avait promis la mobilité. Il me l'applique avec rigueur puisque j'ai déjà changé deux fois de job en quinze mois, insiste Griveaux pour illustrer qu'en la période tout le monde donne de sa personne. La semaine prochaine, je ne crois pas mais on se sait jamais.» Après avoir mis en perspective les «révolutions» enclenchées depuis l'élection de Macron, en termes de méthode politique, de «réconciliation» entre capital et travail et de mise en place de «l'Etat providence du XXIe siècle», le porte-parole enfonce le clou. «Si on ne remet pas de la mobilité, notre contrat social ne tiendra pas», prévient-il avant de reprendre à son compte l'appel présidentiel : «Il faut nous aider à transformer le pays.»

L'irruption d'une militante écolo interrompt brutalement le petit jeu des questions-réponses. «Il y a urgence sur le climat», lance-t-elle alors que le brouhaha monte à l'extérieur de l'amphithéâtre. «C'est mon fan-club», assure Griveaux, au bord du fou rire. Il tente de se reconcentrer pour répondre aux interrogations sur l'attractivité de la capitale quand Schilansky, visiblement perturbé par les slogans étouffés qui lui parviennent, le corrige : «Ils sont là sans doute à cause de moi, des fonctions que j'ai occupé à l'Union française des industries pétrolières, c'est dingue !» Désormais membre du CESE, Jean-Louis Schilansky préside également aujourd'hui le Centre des hydrocarbures non conventionnels, qui défend l'exploitation des gaz de schiste ou sables bitumineux. A cette remarque, se tournant vers lui, Griveaux décompresse carrément, déclenchant l'hilarité de la salle : «Nous allons vous livrer à la foule donc !»

Quelques minutes plus tard, après que Griveaux a fait part de son souhait «d'aller plus loin dans l'ouverture dominicale des commerces à Paris», la rencontre s'achève. S'adressant au maître de séance, le secrétaire d'Etat conclut tout sourire : «Vous allez pouvoir aller voir vos amis.» Ou comment évacuer le stress du remaniement…